Ce n'est pas demain la veille que les prix vont baisser La rue est bouillonnante à la veille du scrutin électoral. Mais paradoxalement, aucun débat n'évoque l'avenir socio-économique du pays. Les nouvelles du front... social ne sont guère bonnes! A la veille du début de la campagne électorale de la présidentielle du 17 avril prochain, le mécontentement prend de l'ampleur. Ghardaïa ne s'éteint toujours pas! Après une petite période d'accalmie, le conflit entre les communautés, mozabite et chaâmbie, a repris jeudi dernier. L'intervention des services de l'ordre avait réussi à calmer les ardeurs, mais c'était un calme précaire qui précède la tempête, puisque, mardi dernier, des affrontements plus violents que ceux de jeudi ont éclaté. Ils ont fait une vingtaine de blessés, sans parler des gros dégâts matériels,dont une dizaine de véhicules caillassés! La flamme de Ghardaïa a donc repris. Tout comme celle du mouvement des chômeurs. Après plusieurs mois de silence, la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (Cnddc), a ressurgi cette semaine. La Cnddc, à la recherche d'un second souffle, organise depuis le 8 mars courant des sit-in quotidiens en face de l'Hôtel des finances de Ouargla. En parallèle, plus de 400 jeunes chômeurs d'Arzew, grand port pétrolier près d'Oran, ont observé mardi dernier, un sit-in devant le siège de la mairie pour réclamer de l'emploi. Ce mouvement de protestation avait commencé deux jours avant avec une dizaine de jeunes, avant de prendre de l'ampleur mardi. Il ne faut pas oublier aussi les gardes communaux qui ont organisé hier des rassemblements suivis de marches dans les wilayas de Bouira, Tizi Ouzou, Béjaïa, Aïn Defla, Chlef, Skikda, Jijel, Biskra, El Bayadh, Adrar, Souk Ahras et d'autres wilayas du pays. Ils avaient organisé pareilles actions dimanche dernier dans plusieurs wilayas du pays, entre autres, à Bouira Tizi Ouzou, Béjaïa, Jijel, Biskra... Les gardes communaux ne veulent pas s'arrêter là, puisque qu'ils comptent faire une démonstration de force, le 19 mars où une grande marche est prévue de Bouira à Alger. Les secteurs névralgiques de la santé et de l'éducation, ne sont pas en reste! Plus de 110.000 travailleurs du secteur de la santé ont levé la menace d'un débrayage. Les membres de la coordination nationale des corps communs de la santé ont levé cette menace pour, disent-ils dénoncer le «parachutage» à la tête de leur mouvement d'un nouveau secrétaire général, mais surtout pour dire «basta» à la précarité dans laquelle ils vivent à cause de leurs salaires de misères. L'éducation de son côté n'est pas encore remise des deux grèves menées par les enseignants et les élèves, qui a amputé l'année scolaire de pratiquement tout son deuxième trimestre. Néanmoins, malgré la reprise des cours, la colère des travailleurs de l'éducation et des élèves, est toujours persistante. Ça risque d'exploser à tout moment! A tout cela, il faut ajouter quelques poches de contestation signalées quotidiennement ici et là. Comme à Réghaïa (banlieue est d'Alger), où la protestation des habitants de la commune, contre une décharge publique se radicalise. A Bensaïdane, le quartier où ont démarré les travaux de réalisation de cette décharge publique, que seule la voie ferrée sépare des habitations, ce sont les émeutes, après plusieurs sit-in de protestations. Depuis lundi dernier la situation s'est dégradée avec des affrontements sans répit entre les citoyens et les forces de l'ordre. Plusieurs blessés ont été enregistrés. Le transport ferroviaire vers Thénia (wilaya de Boumerdès) a été arrêté à la suite du «déracinement» de 15 poteaux électriques de la voie ferrée. Des individus ont même tenté d'attaquer avec des cocktails Molotov la base de vie du chantier. La commune voisine de Rouiba a, elle aussi, connu la protestation dans la soirée de lundi dernier, où des citoyens en colère ont brûlé des pneus, bloquant l'entrée de la ville. Ils réclamaient leur raccordement à l'électricité! Pareil, mardi dernier, à Béjaïa où la RN 26 a été fermée au niveau de Remila par les citoyens de Timezrit, qui réclament le gaz de ville, routes, travail, logements... Une amélioration de leurs conditions de vie, quoi. A tout ce chaudron social, il faut ajouter la pincée des flambées chroniques des prix des produits alimentaires, et bien sûr la pénurie de lait qui n'oublie pas de pointer son nez, de temps à autre. La rue est donc bouillonnante à la veille du scrutin électoral. Mais paradoxalement, aucun débat n'évoque l'avenir socio-économique du pays...Terrible!