Au moment où les Marocains et les Tunisiens régulent leurs télévisions, chez nous, on attend toujours l'application de la loi sur l'audiovisuel votée par les deux Parlements s'il y a presque un mois. Alors que la présidentielle approche, chaque jour une télévision est créée et l'Algérie se retrouve avec une quinzaine de télévisions algériennes de droit étranger. La dernière en date c'était Aurès TV, une télévision créée par un quotidien régional à Batna. Ceci au moment où la chaîne KBC et El Bilad TV n'ont pas lancé leurs programmes. Une situation marquée hier par la perquisition de la gendarmerie dans les locaux de la chaîne Atlas TV, considérée comme proche du camp Benflis et très critique envers le pouvoir. La situation de l'audiovisuel algérien est à la fois floue et critique et il n'existe aucune autorité pour s'exprimer devant cet incident et faire le point sur la situation de l'audiovisuel local. L'Algérie est devenue une cabine d'essayage et un laboratoire pour les nombreuses expériences d'ouvertures audiovisuelles. Après la sortie de Khalifa TV en 2003, qui est morte de sa belle mort en 2004, après l'élection présidentielle. C'est au tour de Atlas TV de disparaître probablement pour avoir osé marcher sur une ligne éditoriale dangereuse. Cet avertissement concerne et vise sûrement les autres télévisions qui seraient tentées de marcher sur la même ligne. Une situation qui alerte sur la situation de la liberté d'expression dans le monde audiovisuel algérien. Même si on a dépassé les Marocains dans une certaine liberté de ton, on n'arrive pas à la liberté d'expression de la Tunisie qui étonne pour son ouverture audiovisuelle conséquente. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que la Tunisie abritera le mois d'avril prochain, la conférence annuelle de la Copeam (Conférence permanente de l'audiovisuel méditerranéen) et cela en considération pour sa participation rayonnante. Lancée en 1996 au Caire, la Copeam se veut un forum de dialogue et de coopération entre les acteurs de l'audiovisuel dans la région Méditerranée. Elle réunit plus de 130 entreprises audiovisuelles de 26 pays méditerranéens parmi lesquelles l'Union européenne de radiotélévision (UER) et l'Union de radiodiffusion des Etats arabes (Asbu). De nombreux projets ont été créés dans le cadre de la Copeam, tels que le projet Ondes de la Méditerranée qui vise à renforcer la coproduction radiophonique dans la région, le projet Euro Med News, portail Internet qui facilite l'échange d'informations audiovisuelles et de documentaires dans la zone Euromed, le projet Med Mem dédié à l'échange de l'archive audiovisuelle méditerranéenne à vocation culturelle, éducative et scientifique ainsi que le projet Université audiovisuelle de la Méditerranée, réseau d'universités d'enseignement audiovisuel et de cinéma dans le Bassin méditerranéen. Cette année, la Conférence de la Copeam se tiendra du 10 au 13 avril à Tunis en présence des plus importants professionnels de l'audiovisuel méditerranéen. L'Algérie qui participera avec l'Entv et l'Enrs, ne sera sûrement pas représentée par une autorité audiovisuelle et les nombreuses télés privées seront plongées en pleine campagne électorale pour la présidentielle 2014. [email protected]