La coquette somme sera une véritable bouffée d'oxygène. Enfin, la Kabylie va pouvoir sortir de son isolement et de la léthargie dans lesquels l'ont plongée trois années d'errements et de mauvaise gestion gouvernementale. La coquette somme de plus de deux milliards de dollars que s'apprête à injecter le gouvernement, dans le cadre du Plan de relance économique, sera une véritable bouffée d'oxygène pour une région meurtrie et touchée de plein fouet par la paupérisation et par un chômage devenu endémique et structurel au fil du temps. Tous ceux qui ont visité la Kabylie et vu la situation de leurs yeux, vous le confirmeront: la situation de chaos et de crise, qui a été créée par la répression de ces dernières années, a généré non seulement un sous-investissement, mais surtout un désinvestissement, du fait des projets en souffrance, de la fuite des capitaux, des chantiers à l'arrêt, et aussi de l'insécurité qui a fait son nid de l'absence de l'Etat et de l'autorité, ainsi que de la montée du chômage, ceci expliquant cela. Certains projets sont mis en veilleuse alors que d'autres connaissent un retard considérable, sans parler des projets d'envergure nationale qui ont été délocalisés comme le projet de fabrication d'insuline de Saidal qui a été carrément abandonné et déplacé à Constantine. Allez savoir pourquoi. Dans le domaine des infrastructures de base, et rien que dans la wilaya de Tizi Ouzou, on peut évoquer l'arrêt de l'autoroute périphérique et de la bretelle ferroviaire qui devaient contourner la Nouvelle Ville pour relier la zone industrielle d'Oued Aïssi. De nombreux autres projets, qui devaient enrichir le tissu de la PME-PMI dans les trois wilayas de la Kabylie (Béjaïa, Tizi Ouzou et Bouira) sont à l'arrêt ou ont pris d'autres destinations. Que ce soit dans le domaine de l'électroménager, de la confection, de l'agroalimentaire, ou dans d'autres créneaux, la région a été pénalisée par le pouvoir exécutif pour lui faire payer son spécifisme culturel et revendicatif, qu'il ne faut pas du tout assimiler à un irrédentisme ou à une volonté de scission. Certes, en prônant le boycott ou l'abstention, la Kabylie ne représente pas un réservoir électoral, et à ce titre elle peut être boudée ou marginalisée par les candidats aux élections présidentielles, mais ce sont là des calculs d'épicier, car si le candidat Abdelaziz Bouteflika n'a cessé de répéter, au cours de la campagne électorale, «la Kabylie ne peut pas se passer de l'Algérie et l'Algérie ne peut pas se passer de la Kabylie», on doit aussi remarquer que pendant des mois il a sillonné l'Algérie, distribuant des enveloppes comme le père Noël, alors que la Kabylie a été la grande oubliée de cette générosité présidentielle. Espérons que cette fois elle recevra sa part de cette manne financière et qu'elle en fera un bon usage pour le développement socio-économique de la région. De toute façon il était temps, car si on ne prend pas les mesures qu'il faut, on verra des colonnes de jeunes gonfler les rangs du chômage et alimenter l'insécurité, alors que les candidats à l'exil et au visa sont de plus en plus nombreux. En effet, plus de cinquante pour cent des jeunes, surtout des diplômés, sont partis pour la France, le Canada ou l'Australie. Cette situation, qui va apporter d'autres surprises, interpelle l'Exécutif et le met devant ses responsabilités.