Une simple vue d'ensemble sur les projets en instance a permis de lever le voile sur une sombre réalité aux antipodes de l'image virtuelle vendue à l'opinion publique. Une délégation composée de huit inspecteurs généraux du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme s'est rendue, mercredi dernier, en visite inopinée. Dans leurs différentes sorties, les inspecteurs ont passé au peigne fin le taux d'avancement des différents types de programmes de logements (LPL, LPA, LSP, Aadl, LPP et logement rural). Une réunion de travail a été tenue dans l'enceinte de l'Opgi, focalisée autour de l'évaluation du taux d'avancement des chantiers lancés et ceux à lancer incessamment. Un état exhaustif des lieux, de la situation des projets, a été donc présenté par les différents cadres concernés. Retard flagrant dans les chantiers LSP Les premières conclusions tirées: plusieurs chantiers du programme LSP sont en souffrance. Ce retard a été relevé un peu partout dans plusieurs localités composant la wilaya d'Oran. Plusieurs centaines de logements sociaux participatifs (LSP), devant être réceptionnées en fin 2011 ne sont pas encore achevés. Manque de qualification des entreprises chargées de la réalisation, manque flagrant de moyens matériels et humains mobilisés et la flambée spectaculaire des prix des matériaux de construction, notamment le ciment, sont autant de raisons qui ont été avancées. Jusqu'au moment de l'arrivée de la délégation ministérielle à Oran, le taux d'avancement des travaux des projets ne dépasse pas le seuil de 50%. Dans le sillage de cette inspection, une commission ad hoc a été mise en place. Celle-ci a pour mission de repousser les entrepreneurs malhonnêtes ou incompétents. Ces derniers n'ouvriront plus droit à soumissionner dans la réalisation du programme LPA. Comme il a été décidé de relancer de plus belle les travaux d'achèvement des chantiers en souffrance. Cette mesure concerne plusieurs sites, comme celui abritant le projet 139/279 logements (LSP) à Misserghine. Le chantier portant sur la réalisation des 50 unités LSP de Gdyel, confié à une entreprise locale. Les entreprises chargées de la réalisation des 50 habitations LSP dans la commune d'Oued Tlélat seront connues prochainement. Une simple vue d'ensemble sur les projets en instance a permis de lever le voile sur une sombre réalité, aux antipodes de l'image virtuelle vendue aussi bien à l'opinion publique, qu'aux autorités hiérarchiques à chaque fois que les explications sont demandées. L'examen des opérations en souffrance a montré que beaucoup de choses étaient vues à travers un prisme. Des projets accusent un important retard, tous secteurs confondus. La wilaya d'Oran ne semble plus vouloir tomber dans le piège du laisser-aller en réunissant à l'hémicycle, ses effectifs pour...parler, parler des projets en souffrance et décider des suites à donner, finalité d'avancer comme il sied aux responsables locaux de l'affirmer. Dans l'une de ces rencontres tenues tout récemment, la diligence de l'audience consistait à donner lecture du tableau des opérations en souffrance, secteur par secteur, suivi d'un interrogatoire des responsables concernés. Acclimaté avec les sentiers battus de la rhétorique qui permet à des responsables de tirer leur épingle du jeu, sans pourtant pouvoir passer le cap des interrogations harassantes de la wilaya, manifestant son insatiabilité, mais peu convaincu quant à la disponibilité de plusieurs membres de son exécutif, ce dernier, d'un ton à la fois tançant et harcelant, ne jure que par «la date du lancement du chantier», devant être avancée publiquement et assumée par le directeur local interrogé. «Je veux une date, un engagement. Tout le reste, ça ne m'intéresse point», ne cesse de répéter à chacune des rencontres le regroupant avec les membres de son exécutif constitué de directeurs de secteur et de subdivisionnaires. Si la plupart de ces derniers s'éternisent dans les ritournelles formules «c'est en cours, on va essayer», la wilaya d'Oran hausse le ton, en exigeant des engagements aussi bien formels que solennels. «C'est sur la base de ces engagements, les vôtres, que vous serez appréciés par nos soins», a prévenu le wali, lors d'une d'audience tenue récemment. Dans la même rencontre, le wali a haussé le ton en affirmant que «les dates hasardeuses et autres paroles qu'on jette en l'air juste pour s'en tirer momentanément sont de l'ère révolue, tant tout est consigné dans un registre témoin». Dans cet «interrogatoire», le directeur de l'industrie, de la PME/PMI et de la promotion des investissements a été interrogé à propos, notamment, de l'opération de viabilisation de la nouvelle Zone industrielle de Boutlélis, pour laquelle une enveloppe de 230 millions de DA avait été allouée. Les travaux de VRD devaient été lancés avant le 10 janvier 2014. Dans le secteur de l'hydraulique, où bon nombre de projets traînent, il était question, entre autres, de l'opération de mise en place du collecteur des eaux usées de la partie basse d'Oran, confiée à Seor (étude et réalisation). Selon l'engagement des responsables du secteur, le coup d'envoi du chantier était prévu, avant la mi-février 2014. La même échéance a été retenue pour le projet de la station d'épuration de Bethioua, inscrit en 2009, pour un montant de 3500 millions de DA. Des directeurs exécutifs en sursis L'environnement n'est pas en reste. Il charrie, lui aussi, son lot de projets dormants à l'instar de celui relatif à l'étude du schéma directeur de traitement des déchets industriels d'Oran. Ce dernier est d'un coût de 20 millions de DA. Le vieux projet du jardin citadin d'Oran, décentralisé, entre-temps au profit de la direction de l'environnement de la wilaya, et dont le bureau d'études Eco-Plan avait reçu son ODS, fin août 2013. Le secteur de la pêche est caractérisé par une situation assez kafkaïenne, pour nombre de dossiers, en ce sens qu'il y existe, au moins, trois projets déclarés annulés dans les copies de la direction, mais qui sont toujours vivants dans la nomenclature de l'ex-Dpat et, donc celle aussi de la wilaya. Il s'agit des trois futures halles à marrée d'Oran, Arzew et Aïn El-Kerma, Cap Blanc, qui, selon le directeur du secteur, ont été annulés lors d'une séance d'arbitrage au ministère des Finances, en juin 2013, au motif que l'entreprise gestionnaire Egpp a lancé, entre-temps, des opérations de réhabilitation de leurs structures respectives ainsi que la survenance du projet d'un abri de pêche, à Cap Blanc, DTP. Pour la wilaya, aucune notification d'annulation n'est parvenue à ce jour, ce qui signifiait clairement que ces projets sont toujours en instance. Le projet de réalisation d'une antenne administrative, dans l'enceinte du port d'Oran, se trouve dans la même situation d'ambiguïté. «Si la décision d'annulation ne nous parvient pas, nous lancerons ces opérations», a alors affirmé le wali qui a ordonné au directeur de la programmation et du suivi budgétaire et au directeur de la pêche de programmer une mission commune au ministère des Finances pour trancher ces cas pendants. Il n'est un secret pour personne, Oran est, au fil des années, devenue une wilaya budgétivore, les crédits colossaux qui lui sont alloués ont doublé ces dernières années, tandis que le taux de consommation est dérisoire!