Un attentat suicide a coûté la vie hier à Bagdad à Ezzedine Salim, président du C.I.G. C'est à l'entrée du quartier général de l'autorité provisoire de la coalition (CPA) dans la «zone verte» (ancienne résidence présidentielle de Saddam Hussein transformée en bunker par les Américains) que le président du Conseil transitoire irakien (CIG), Abdel Zahra Osmane Mohamed, dit Ezzedine Salim, a trouvé la mort, hier, victime d'un attentat suicide à la voiture piégée. Dix personnes, dont des collaborateurs d'Ezzedine Salim, sont également mortes dans cet attentat qui a visé directement la tête du Conseil transitoire de gouvernement, désigné en août de l'année dernière par la coalition américano-britannique. Ezzedine Salim qui assurait la présidence tournante du Conseil pour le mois de mai, est le deuxième membre de l'exécutif provisoire irakien à avoir été assassiné par des forces se réclamant de la résistance irakienne. En effet, en septembre de l'année dernière, Mme Akila Hachémi, membre chiite du Conseil, a été tuée par balles alors qu'elle sortait de son domicile. Dans ces attentats ciblés, il y a également à relever l'attentat à la voiture piégée qui a coûté la vie au dignitaire religieux chiite, Mohamed Baqer Hakim, président du Conseil suprême de la Révolution islamique en Irak (Csrii), en même temps que celle de 80 Irakiens, dans une mosquée à Najaf. Cet attentat contre Ezzedine Salim intervient dans une conjoncture très difficile pour l'Irak, marquée au plan sécuritaire par la recrudescence de la violence induite notamment par la situation précaire à Najaf et Kerbala, au plan diplomatique par le scandale des sévices infligés aux prisonniers irakiens, enfin au plan politique par les délicates tractations que mène à Bagdad l'émissaire spécial de l'ONU, Lakhdar Brahimi, pour trouver un accord pour la formation d'un gouvernement provisoire irakien auquel la coalition doit transférer, en principe, le 30 juin prochain la souveraineté. Il est évident que l'assassinat d'Ezzedine Salim complique la situation sur tous les plans et vient rappeler la fragilité qui est celle d'un processus que les Américains peinent d'une part à concrétiser, d'autre part à convaincre la communauté internationale de sa faisabilité. Pour le reste, entre le 1er mai 2003, date à laquelle le président américain George W.Bush avait annoncé la fin des opérations en Irak, et aujourd'hui - un an après - le constat qui est fait est loin d'être flatteur pour les puissances occupantes et qui se traduit par le fait que l'Irak, loin d'avoir bénéficié de la chute de l'ancien dictateur Saddam Hussein, se trouve plongé dans la violence sous toutes ses formes. Pendant cette période, du fait de la guérilla ou des opérations militaires de la coalition, plus de 10.000 Irakiens ont été tués. Des Irakiens encore très loin des libertés et de la démocratie promises par les puissances occupantes américaine et britannique en avril 2003.