Le groupe terroriste Boko Haram Selon le père Henri Djonyang, vicaire général du diocèse camerounais de Maroua-Mokolo, les religieux ont été enlevés par des hommes armés dans leur paroisse de Tchère à quelque 800 km au nord de Yaoundé. Deux prêtres italiens et une religieuse canadienne ont été enlevés dans la nuit de vendredi à samedi dans l'Extrême-nord du Cameroun, où un prêtre et une famille française avaient été kidnappés et relâchés en 2013 par le groupe islamiste armé nigérian Boko Haram. Selon le ministère italien des Affaires étrangères, les deux prêtres, Giampaolo Marta et Gianantonio Allegri, sont originaires de Vicence, dans le nord du pays. Selon le père Henri Djonyang, vicaire général du diocèse camerounais de Maroua-Mokolo, les religieux ont été enlevés par des hommes armés dans leur paroisse de Tchère, à une vingtaine de kilomètres de Maroua (800 km au nord de Yaoundé), la capitale de la région de l'Extrême-nord. «C'est mauvais. Deux prêtres italiens et une soeur canadienne, Gilberte Bussier, de Tchère ont été enlevés cette nuit autour de 23H45» (22H45 GMT), a ajouté le vicaire, qui a autorité sur la paroisse de Tchère. L'information a été confirmée par un responsable de la police camerounaise en poste dans la région. L'enlèvement des deux prêtres et de la religieuse n'avait pas été revendiqué samedi matin, mais le père Djonyang a mis en cause le groupe islamiste nigérian Boko Haram, actif dans la zone frontalière entre le Cameroun et le Nigeria. «Ce sont eux (les Boko Haram) qui l'ont fait», a accusé le vicaire général. Boko Haram avait déjà revendiqué les enlèvements en 2013 dans cette même région du prêtre français Georges Vandenbeusch et de la famille Moulin-Fournier, qui avaient ensuite été relâchés. A la suite de ces enlèvements, Paris avait demandé à ses ressortissants établis dans la région - jusqu'alors une des principales destinations touristiques du Cameroun avec ses réserves animales et ses paysages spectaculaires - de la quitter en raison du risque élevé de kidnapping. Boko Haram, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, mène des attaques sanglantes contre les forces de sécurité et les civils depuis 2009 dans le nord du Nigeria. L'armée nigériane a lancé en mai 2013 une vaste offensive, toujours en cours, pour tenter d'écraser l'insurrection, en vain jusqu'à présent. Des accrochages armés entre les membres de Boko Haram et les forces de sécurité camerounaises sont régulièrement signalés dans la région, où des islamistes armés, acculés par l'Armée nigériane, tentent régulièrement de se replier. Depuis quelques mois, des membres présumés de Boko Haram commettent également des exactions contre la population camerounaise. Ainsi, fin février, des militants présumés de Boko Haram ont enlevé un chef traditionnel camerounais du village de Goumouldi, près de la frontière entre les deux pays, selon une source policière camerounaise. Ils l'ont ensuite égorgé en territoire nigérian: «ils ont jeté son corps de leur côté en menaçant de représailles quiconque viendrait le récupérer», selon ce policier qui avait précisé: peu avant d'être décapitée, la victime avait communiqué à la gendarmerie locale le nom de trois membres de Boko Haram impliqués selon lui dans le meurtre de son fils aîné. Des récits d'atrocités similaires abondent dans la zone frontalière. Face à cette menace, le Cameroun a renforcé son dispositif militaire et policier dans la région. «Dans la région de l'Extrême-nord, l'effectif des forces de l'Ordre et de défense a presque doublé. Il y a de nouveaux bataillons (de l'armée) qui ont été créés», a assuré le gouverneur de la région, Awa Fonka Augustine, sans dévoiler les effectifs engagés sur le terrain. L'objectif «est d'assurer la sécurité de notre territoire et d'empêcher que les gens (de Boko Haram) qui fuient les combats intenses au Nigeria n'entrent sur notre territoire», a indiqué le responsable camerounais.