Le parquet général d'Alger possède-t-il un sérieux argument pour que Djenki soit encore enfermé? Nous sommes en décembre 2013. Salle d'audience de la criminelle où Boualem Bekri, ce juge, fils de martyr écoute un accusé, fils de martyr autour d'un dossier «panaché» où des délits croisent des crimes et où les terres agricoles en sont les «stars». C'est la fin du procès de Rabah Djenki, l'ex-DEC de Birkhadem à qui le régime issu de l'arrêt du processus électoral salvateur pour les uns, catastrophique pour les autres, avait fait appel en sa qualité de fils de martyr espérant que «bon sang ne saurait mentir». Rabah le bulldozer sua, trima au profit de l'APC et de sa population et ce, aux dépens de sa santé et sa propre famille. Il trimera avant de s'en aller 8 ans plus tard n'attendant rien de personne. Mais, implacablement, le rouleau compresseur avaleur de DEC, s'avance inexorablement sur le corps et l'âme du fils de martyr, bénévole, qui s'est échiné à bosser dur. 2000 sera l'année où il sera inculpé par le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed-Alger... De fil en aiguille, la toile d'araignée est tirée avec les 1000 questions posées, reposées, les insinuations, les prétextes, les accusations, les confrontations, les mots balancés à l'emporte-pièce dont s'emparera la rue. Et la rue, c'est... Le dossier va alors se balader de la chambre d'accusation à la Cour suprême alors que Djenki a bénéficié de la liberté provisoire. Quatorze années plus tard, le dossier est «pondu» par la Cour suprême qui renvoie Djenki par devant le tribunal criminel et Bekri a dû le renvoyer à deux reprises à cause de l'absence de l'équipe d'experts dont se débarrassera finalement le tribunal criminel tout comme l'expertise effectuée par le... ministère de l'Intérieur. Un véritable charivari! L'essentiel étant que dans ce procès, Djenki a échappé à la criminelle pour n'être entendu que sur les délits. Et là, au lieu que cette requalification réjouisse l'entourage de Djenki qui a crié trop tôt au retour de l'enfant chéri auprès de ses trois enfants dont l'un est un jeune homme pratiquant le droit et donc avait une nette idée sur les us de la prise de corps, ses conséquences et sa fin. Or, le jour même, Djenki sera de retour aux «Quatre-Ha» espérant récupérer ses bagages, signer le registre de la prison et prendre la route de la Côte. Hélas! Les nouvelles ne sont pas bonnes. La nuit, au moment où les proches attendaient la sortie de Rabah aux «Quatre-Ha» on demanda à la famille de revenir le dimanche, week-end oblige. Le dimanche, le directeur des «Quatre-Ha» regrette, mais exige, pour procéder à la libération de Djenki, la présentation d'un ordre écrit émanant du parquet général: «Je sais que ce monsieur ne fait l'objet ni de mandat de dépôt ni d'un jugement définitif, mais je suis désolé, je n'y peux rien!» avait alors dit le boss de la taule. Et depuis plus de 100 jours et à une semaine du scrutin du 17 avril 2014, Djenki espère un coup de main du ministre de la Justice qui a été alerté par sa famille le 23 février 2014, dont la lettre contient tous les éléments qui peuvent éclairer Louh, le ministre qui sait au moins ce que la hogra et les bévues peuvent signifier surtout que la «victime» est un bénévole, fils de martyr, qui a donné le meilleur de lui-même à la tête de la Délégation exécutive communale (DEC) de Birkhadem (Alger). Enfin, pour mieux pousser Tayeb Louh à se pencher sur ce cas humanitaire, donnons, à titre d'information, les termes de l'arrêt de la Cour suprême titré de la Revue n°1, année 2007, page 23 qui disposent en 20 mots que: «Un cas de libération d'un détenu qui a été entendu en qualité d'accusé en liberté provisoire, et poursuivi pour crimes et délits et donc a été l'objet d'une prise de corps la veille du procès et qui a bénéficié d'un acquittement en matière de crimes mais qui a écopé de 5 ans ferme pour ce qui est des délits, est donc libérable à l'issue de l'audience car la liberté est accordée à ce condamné en matière délictuelle et sera alors jugé plus tard en qualité d'inculpé (et non d'accusé) libre». Dans le cas de Rabah Djenki et de ce qu'il endure depuis le 13 décembre 2013, ce n'est ni plus, ni moins que de la détention... abusive. Et cette sentence ne peut, en aucun cas, faire plaisir au ministre de la Justice qui a, mille fois, dénoncé les «errements» de l'appareil judiciaire dont les méfaits ne peuvent qu'éclabousser la robe noire, celle que nous chérissons et même protégeons avec le maximum de vigilance et surtout d'espoir de voir la magistrature libre, saine et souveraine. N'est-ce pas Louh?