Cette partie du pays continue de souffrir et cela dure depuis plusieurs mois. Les événements tragiques de Ghardaïa qui tendent à devenir incontrôlables risquent d'éclabousser la République. Une haine immuable mine la cohabitation entre les deux communautés arabe et berbère dans cette région. L'animosité est telle que les incidents graves et meurtriers sont à la fois imprévisibles et omniprésents. Jusqu'ici, le tout-sécuritaire comme solution à cette plaie n'a pas apporté les résultats escomptés. Durant des mois, cette partie du pays continue à souffrir. La violence sporadique, en dépit des renforts impressionnants des services de sécurité dépêchés sur les lieux, illustre cet état des lieux, tendant continuellement vers le pourrissement. Toujours actif, le volcan Ghardaïa entre sporadiquement en irruption, pour cracher sa lave incendiaire sur cette vallée meurtrie. 45 personnes, dont des policiers ont été blessés à Ghardaïa, lors des heurts entre jeunes Arabes et Mozabites qui ont repris depuis quatre jours dans celle ville située à 600 km au sud de la capitale, selon des sources hospitalières. Le bilan de ces affrontements éclatés en décembre dernier fait état de sept morts, dont quatre issus des Mozabites et trois parmi les Chaâmbas et plus de 400 blessés. Des centaines de maisons, magasins, véhicules incendiés sont autant de dégâts également enregistrés. Par conséquent, la ville de Ghardaïa se transforme en une ville morte où souvent les magasins baissent rideau et les établissements scolaires ferment. Coincée dans un engrenage de violence et une sempiternelle tension explosive, la vallée du M'zab vire au cauchemar. Cette région épuisée et hantée par de longues nuits de violence vit la peur au ventre et sous la hantise du péril. Dans leur virée dans cette ville, les candidats en lice se sentaient obligés de s'adresser séparément aux deux communautés. Alors que la crise qui se complique davantage appelle à une prise en charge politique sérieuse, certains observateurs soupçonnent l'instrumentalisation de cette tragédie à des fins non avouées. La vallée du M'zab aux prises avec une crise multiforme est touchée de plein fouet par l'absence de développement durable et d'autres contentieux comme la non-régularisation des propriétés foncières, la prolifération des réseaux mafieux tous azimuts par Ghardaïa, qui se trouve sur un axe de passage de trafic de drogue. Quatre mois d'affrontements entre communautés ibadite et malékite renvoient une crise politique profonde non résolue qui constitue une poudrière, selon les observateurs avertis. Problème ethnique ou religieux, crise socioéconomique, crise de légitimité, la montée du salafisme et le laxisme de l'Etat, chacun y va de son interprétation. Pendant ce temps, Ghardaïa comptabilise ses victimes et enregistre des actes de vandalisme et de pillage sans précédent. Pour certains, la solution réside dans la démocratie et l'exercice de la pleine citoyenneté. Par ailleurs, les affrontements récurrents de Ghardaïa ont atteint leur comble en mars dernier, lorsque sept citoyens ont trouvé la mort. Tout a commencé à la mi-décembre dernier, quand un rassemblement de jeunes qui contestaient une liste d'attribution de logements devant le siège de la wilaya a tourné à un carnage. Quelques jours plus tard, soit le 26 du mois de décembre la violence a été exacerbée par la profanation des tombes mozabites et la destruction de mausolées millénaires, notamment au cimetière de Cheikh Ammi Saïd. Actuellement, de multiples raisons font que les deux communautés arabe et mozabite n'ont pas encore trouvé un terrain d'entente susceptible d'apaiser les tensions.