Guitariste, chanteur et compositeur, l'artiste est aussi l'auteur de ses chansons dont les textes poétiques rappellent la plasticité de l'écriture de Pablo Neruda... Et ce fut le tour de l'Espagne de nous enchanter jeudi dernier par une belle soirée musicale animée, à l'occasion du 5e festival culturel européen et organisé par l'Instituto Cervantes d'Alger et l'ambassade d'Espagne, par le musicien Javier Ruibal. Ce dernier, guitariste flamboyant, est aussi chanteur, compositeur et l'auteur de ses chansons. Il était par ailleurs accompagné sur la scène Ibn Zeydoun d'un autre guitariste mettant leurs cordes en accord et en feu d'une danse mélodique et incroyablement lumineuse. Alors, près d'une heure et demie de concert, Javier nous fera voyager sur la vague de fraîcheur de ses chansons puisées à la source de ses inépuisables influences dont il s'est nourri, enfant, dans sa ville natale Cadix, au «Puerto de Santa Maria». Porte de la Méditerranée, frontière entre l'Europe et l'Afrique, cette ville, considérée comme le principal port entre l'Espagne et l'Amérique latine, aura été le carrefour, assurément, de différents styles de musique qui n'ont pu échapper indubitablement à l'oreille de Javier Ruibal. Dans ses chansons à caractère doux et romantique, qui chantent l'amour notamment celui entre cette fille espagnole et ce marin américain, lequel tourne au drame, l'auteur met tout son coeur à l'oeuvre pour transmettre sa passion. A la plasticité de l'écriture de Pablo Neruda, ses paroles que l'ont devine sensuelles, font référence aux poètes de la génération 27 et spécialement à Rafael Alberti et Federico Garcia Lorca. Le visage contorsionné d'émotion, Javier Ruibal interprète le langage populaire de l'Andalousie. Evanescentes, langoureuses, mélancoliques, les tonalités musicales des compositions de Javier Ruibal ne sont pas sans rappeler les tournures musicales orientales de notre musique arabo-andalouse et maghrébine de façon générale. Omniprésent bien sûr, le flamenco de Ruibal est d'une sensibilité généreuse, d'une force qui vous donne les larmes aux yeux.Traditionnelle, la musique espagnole de notre guitariste épouse parfaitement les contemporains comme le jazz ou le rock. «Viva España!» crie un auditeur au fait de sa satisfaction. «Et Algérie aussi!», lui répond en espagnol, l'artiste. Après une chanson sur la plage, place à une autre sur le désert... Pénombre dans la salle et lumière braquée sur le chanteur. Toute l'ouie est focalisée sur cette musique enchanteresse dont les «ondes» nous rappellent tantôt un «istikhbar» de chez nous, tantôt des complaintes à la faveur d'une musique indienne voluptueuse et vaporeuse qui s'enlise dans la chanson espagnole. Peut-être que nous faisons fausse route... mais la voix chaude de Javier rompt pour «l'instant» les frontières et nous emmène au coeur de l'Espagne «plurielle» et altière. Né à Cadix en 1955, Javier Ruibal travaille en tant que professionnel depuis 1978. Ses dernières productions dont il nous a servi quelques extraits, sont «Las Damas Primero 2001», «Les Dames d'abord» et «Sahara 2003».