Les clubs qui ont couru deux lièvres à la fois ont tout perdu. Lors de son point de presse qu'il a organisé, jeudi, à la fin du match JSK-USC, Moh Cherif Hannachi a confirmé ce qu'il avait annoncé une semaine plus tôt, à savoir, qu'il allait engager son équipe en Ligue des champions d'Afrique et en Coupe arabe des clubs champions. Si le fait d'avoir remporté le titre de champion d'Algérie lui offre la possibilité de prétendre jouer sur les deux tableaux, il convient de préciser que cette aventure est porteuse de très gros risques qui pourraient nuire au club de la Kabylie. D'ailleurs, il n'est pas sûr que la JSK obtienne satisfaction auprès de la FAF dont on sait qu'elle s'oppose à la participation d'un club dans deux compétitions internationales à la fois. Essentiellement, pour des commodités liées au calendrier national. La saison actuelle n'a pas encore pris fin à cause justement, du programme des clubs qui étaient engagés en compétitions africaine et arabe. Si la JSK participe à la Ligue des champions d'Afrique et à la Coupe arabe, elle serait dans l'obligation de traîner derrière elle un nombre important de matches en retard en championnat national. C'est justement un tel scénario qui l'avait amené à sacrifier la compétition nationale lors de sa participation à la Coupe de la CAF qu'elle avait remportée trois années de suite (2000, 2001 et 2002). Le fait qu'elle ait été éliminée par Cotonsport de Garoua dès les quarts de finale de la précédente Coupe de la CAF, l'a amenée à se consacrer au championnat national avec le résultat que l'on sait, à savoir l'obtention d'un 12e titre de champion d'Algérie. Parallèlement à cela, l'USMA, qui avait commis une énorme bévue en se passant de vacances à la fin de la saison 2002-2003 pour participer à un tournoi de Coupe arabe en Egypte et qui fut ensuite, «engloutie» dans les matches de la Ligue des champions d'Afrique, a considérablement, hypothéqué ses chances de conquête d'un nouveau titre de champion d'Algérie. Par ailleurs, des dates des deux compétitions internationales sont très rapprochées et le club de la Kabylie ne disposerait pas assez de temps pour récupérer. Et l'on sait que toute intervention auprès de la CAF ou de l'Union arabe de football pour reporter un match est vouée à l'échec. Mais plus que ces histoires de calendrier, Moh Cherif Hannachi devrait s'inspirer des clubs qui ont déjà couru deux lièvres à la fois avant de prendre une décision pour son équipe. En effet, tous les clubs qui ont disputé les deux compétitions internationales, ont presque tout perdu cette saison. C'est ainsi que l'ES Tunis et le club égyptien d'El Ismaïli ont échoué en demi-finales de la Ligue des champions d'Afrique pour avoir dépensé leurs forces en Coupe arabe. Quant aux clubs égyptiens du Zamalek et d'El Ahly, ils ont été «effacés» de l'actuelle Ligue des champions d'Afrique dès leur entrée, toujours pour avoir couru deux lièvres à la fois. La Fédération égyptienne et celle de Tunisie viennent, pour cela, de décider que dorénavant, un club ne disputerait qu'une compétition internationale, le champion du pays étant obligé de s'engager dans celle de l'Afrique comme l'exige la CAF. D'ailleurs, si la Coupe arabe est plus intéressante sur le plan financier (tous les clubs participants sont entièrement pris en charge) c'est la Ligue des champions d'Afrique qui est la plus importante sur le plan sportif. Elle offre à son vainqueur le droit de participer au Mondial des clubs qu'organise la FIFA. Par conséquent, il n'est pas acquis que la JSK puisse participer, comme le souhaite son président, aux deux compétitions internationales. Moh Chérif Hannachi est un homme assez avisé pour savoir où se situe l'intérêt de son club, d'autant que cela nécessite le recrutement d'un nombre imposant de joueurs afin d'avoir un effectif à même de permettre au club de jouer sur les deux tableaux. Sachant que le président Raouraoua est de retour à Alger, après avoir assisté à Paris au congrès de la FIFA et celui de la CAF, on devrait connaître la position de la FAF sur cette affaire dans les prochains jours.