Il se produira ce soir, dans l'antique théâtre régional de Constantine... «Avec l'invention de la musique, celle-ci a pris seulement de la valeur et acquis des atouts en étant le véhicule de la pensée de l'homme, afin d'approcher Dieu. Pour cette raison, je désire que ma musique garde l'esprit de l'humanité à travers l'expansion et l'extension de l'âme humaine», affirme Naseer Shamma. Ce dernier, célèbre luthiste irakien, se produit actuellement en tournée en Algérie grâce à l'Onci. Après Sétif jeudi dernier, Annaba samedi, il sera aujourd'hui au Théâtre régional de Constantine avant d'atterrir en finish, mercredi prochain, à la salle El Mougar d'Alger. Invité par l'Ecole de musique Maya de Constantine spécialisée dans la formation d'instrumentistes, compte, à l'occasion de sa première tournée en Algérie, ouvrir la première annexe de Beyt el ûd el arabi (Centre arabe du luth) qu'il a fondée au Caire en 1998. Outre ses compositions qui sont qualifiées «d'uniques», Shamma a ceci de particulier, sa façon spéciale de jouer du oûd. Durant la guerre du Golfe, il a composé des musiques de films et inventa l'unique méthode du oûd qui se joue avec une main. Cette méthode a été créée pour les enfants blessés. Shamma joue du luth en combinant l'ancienne méthode avec ses propres compositions modernes. Il a élaboré une huitième corde pour le luth, sauvant le manuscrit d'El Farabi du 9e siècle. Cette nouvelle élaboration (8 au lieu de 6 cordes) a expansé le luth en lui donnant une tonalité distincte. Ce dernier permet d'obtenir quatre octaves correspondant aux quatre tessitures de la voix, basse, baryton, alto et soprano, alors que le oûd actuel à six cordes permet d'obtenir deux octaves. Concertiste de renommée internationale, il a donné des concerts un peu partout dans le monde, dans les pays arabes, en Europe et aux Etats-Unis. Aussi, porteur d'une civilisation musicale séculaire, Naseer Shamma a croisé son talent, samedi dernier, à celui d'un ensemble choral français, en accompagnant lors d'un concert exceptionnel, organisé sous le patronage du wali d'Annaba et le Centre culturel français, un grand choeur le Te Dum pour Augustin, l'évêque d'Hippone et ce, à la Basilique de Saint Augustin. Le Te Dum pour les âmes profanes, est un chant liturgique, un cantique interprété à l'occasion du couronnement d'un roi ou encore du sacre d'un évêque. Tout un symbole ainsi pour une personne longtemps marginalisée et célébrée que récemment, grâce un peu à l'Année de l'Algérie en France et même avant qui a permis à travers un séminaire, organisé sous le patronage du président Bouteflika de faire plus ample connaissance avec cet humaniste qui peut-être, les gens ignorent, s'est très tôt intéressé aux choses de la musique notamment à la question du rythme et aux implications théologiques et philosophiques de la musique. Ainsi, c'est «rendre paradoxalement César à César» que d'organiser ce concert dans la somptueuse basilique en l'honneur de ce grand théologien qui a dit un jour : «La musique s'adresse à l'âme» ou encore «La musique adoucit les moeurs». Avec la virtuosité divine de Naseer Shamma, cela ne pouvait être autrement.