Danse africaine, peinture de Jamil Amhis LA BEAUTE illumine de ses couleurs la vie et l'anime d'un rien de réel: tel est l'art de présenter la vérité. Telle est aussi la conviction que j'ai eue en regardant sur son site Internet plusieurs peintures du docteur Jamil Amhis (*), après l'avoir rencontré lors d'un court séjour à Paris. C'est tout à fait le hasard d'une belle amitié ancienne (celle de son père, le regretté Sî Belkhir, cadre à l'Education nationale, mon aîné) renouée par sa mère, l'honorable femme de lettres, Mme Djoher Amhis, que ma rencontre avec le médecin a eu lieu. Sans peut-être qu'elle-même le sache, elle m'a généreusement révélé, à la fois, un Algérien au grand coeur et un médecin spécialiste affable, chef du service de chirurgie pédiatrique au Centre hospitalier intercommunal de Créteil (France). L'artiste-né soulage le médecin-né Les jours suivants, comme à l'ordinaire, navigant sur Internet, j'ai trouvé un site consacré à des «peintres médecins» et, parmi eux, des «médecins étrangers». Sur une page me sont apparus un prénom et un nom qui me sont désormais familiers, une photo et un titre d'article de journal: Jamil Amhis, un peintre médecin. Ayant observé, lorsque j'ai été reçu dans son cabinet médical, la vivacité de son regard et de ses gestes, un certain enchantement d'artiste à m'accueillir, je peux maintenant me l'imaginer être heureux de se livrer à sa passion primordiale qui, sans doute, le ressaisit aussitôt qu'il dispose d'un moment pour arrêter alors son esprit créatif sur une oeuvre déjà commencée, à continuer ou que soudain lui vient l'inspiration pour une composition picturale nouvelle... La découverte du talent de peintre du médecin Jamil Amhis, me met en joie. Ah oui! quel charme l'imagination d'un artiste-né apporte comme preuve de liberté au médecin-né pour l'aider à soulager l'humain! «Le beau» - «Le vivre en couleurs» sous toutes les nuances - est ici plus qu'«une substance thérapeutique» dans l'art de peindre, une expérience éprouvée en tant qu'origine de conscience. De même, puisque j'y suis, j'aimerais rappeler que «Le beau est l'unique ambition, le but exclusif du goût.», - cette réflexion est de Baudelaire. Et peut-être, me faudrait-il ajouter: «Le Beau est ce qui paraît abominable aux yeux sans éducation.» Par parenthèse, cette citation d'Edmond et Jules Goncourt extraite de leur Journal, m'amène à penser à l'image présentée à l'écran électronique placé dans une salle d'attente en ophtalmologie pour prévenir le public contre la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA): un paysage où l'on perçoit des lignes droites comme tordues, certaines comme disparues et des objets déformés. Un commentaire humoristique (?) met en garde: «Ceci n'est pas une oeuvre d'art moderne.» Justement, revenons à «l'éducation des yeux» pour dire que Jamil Amhis a un sens aigu du «beau», et si bien élevé et si complètement ancré dans l'imagination pure que l'oeil observateur pressé, impatient ou mal inspiré, serait à tout le moins indifférent. Pourtant, l'artiste médecin se veut modeste, c'est-à-dire naturel et efficace par le geste libre, juste et précis, chargé de nuances réussies au niveau de la touche finale de la création. L'ensemble s'organise avec art et science, - que Jamil Amhis peigne-t-il un tableau ou opère-t-il un enfant. Ici et là, l'interaction des deux responsabilités absolues n'est pas incompatible; au contraire, l'une et l'autre, celle du peintre et celle du médecin se solidarisent dans une créativité qui appelle la conscience à l'obligation de résultat. Toutefois, dans la peinture, l'artiste met son âme, et elle y reste. Il laisse son imagination se déployer tout en utilisant plusieurs techniques sur toile, cartons, panneaux de bois ou tout autre support, mêlant magnifiquement peinture à l'huile ou acrylique, collages complexes, encres diverses, pâtes pigmentaires,... Chaque peinture invite à l'interprétation, à la construction ou à la reconstruction d'un concept intime et à l'évasion. Par ailleurs, il est constaté que dans les oeuvres de Jamil Amhis «il y a toujours de la vie, toujours des personnages», autant de silhouettes fascinantes qui nous parlent en langage des Signes entourés de symboles magiques, émouvants et puissants, autant de formes douces et attrayantes, - ce qui caractérise le talent de ce coloriste et généralement son style de plasticien moderne en évolution constante. Que d'artistes algériens!... Et surtout sachons que cet artiste médecin - né en Algérie, en 1954 à Thénia (dont la colonisation a fait Ménerville) - lie aisément ses deux passions. La première est acquise précocement puisque, dès l'adolescence, Jamil Amhis a dessiné et peint avec ardeur et fantaisie. À la fin de sa scolarité au lycée Victor Hugo d'Alger, sa persévérance l'a incité à suivre, durant trois années de 1967 à 1969, des cours à l'Ecole Nationale des Beaux-Arts d'Alger qui a eu plusieurs dénominations au cours de son histoire. Le jeune Jamil y «a côtoyé, indique sa brève biographie, des artistes de renom comme Chegrane et Bourdine». Noureddine Chegrane comme Moussa Bourdine ont proposé une «peinture du Signe», relayée par le groupe «Aouchem», lequel a beaucoup puisé dans les arts et traditions populaires d'Algérie. Il est juste aussi d'indiquer, et en hommage à lui, que Camille Leroy, le célèbre peintre orientaliste, né en 1905 à Paris et mort en 1995 à Roquebrune-Cap-Martin, a été nommé professeur de dessin en 1940 à l'Ecole des Beaux-Arts d'Alger et qu'il a quitté l'Algérie en 1962. La seconde passion de Jamil Amhis s'est développée grâce à des études supérieures, en médecine, vers lesquelles son père Belkhir Amhis, fin pédagogue et cadre à l'éducation nationale, l'a poussé avec insistance, s'inquiétant vivement de l'avenir professionnel de son fils intelligent et très actif. Par contre, «la vie de Bohème» a semblé largement suffire au jeune Jamil, heureux et fier d'être un artiste libre, vivant de ses rêves, loin des conventions sociales. Toutefois, enfant de bonne éducation, il ne résiste pas trop longtemps pour se ranger à la raison paternelle, refoulant un désir qui ne manquera pas de renaître quelques années plus tard... Il termine patiemment d'excellentes études de médecine à Alger puis en France. Depuis 1986, il est médecin spécialiste en chirurgie pédiatrique. Actuellement, il est praticien hospitalier au Centre hospitalier intercommunal de Créteil et, dans cet établissement, il préside le Conseil des blocs, tout en étant président d'un syndicat professionnel des médecins (La fédération des praticiens de santé) et membre de droit du Conseil national de la chirurgie. Entre-temps, Jamil Amhis aura repris, plus d'une fois, ses pinceaux, ses couleurs et ses collages pour se perfectionner dans l'atelier du Centre Culturel de Créteil Village animé par Joël Pommot (diplômé de l'école des Beaux-Arts et élève de Roger Plin, sculpteur, dessinateur, graveur, céramiste, enseignant). Néanmoins, très attaché à sa vocation et très impatient de progresser, il donne libre cours à son envie de recherches personnelles; il redéfinit et installe, en son domicile, son atelier selon des ambitions artistiques formées par ses diverses expériences au contact de la matière et de l'humain, sans oublier de concilier tout naturellement ses deux passions la médecine et la peinture. «Mon passe-temps favori, confie-t-il, très honnêtement, est la peinture avec de nombreuses expositions.» Il a un projet splendide, celui de faire entrer l'art à l'hôpital comme support actif à la thérapie générale appliquée, - ce que laisse beaucoup présager le fonds d'ouvrages pour les tout jeunes constaté dans la salle d'attente de son cabinet. Nous en formulons tous nos voeux de réussite! Jamil Amhis, médecin spécialiste en chirurgie pédiatrique de haute notoriété, est également artiste plasticien parfaitement répertorié dans la classe des peintres algériens et de ceux dont nous recherchons la vertueuse qualité et la saine ambition pour les mettre à l'honneur de la profession et à l'honneur de la culture algérienne. Que d'artistes algériens, en tous domaines, en quelque lieu qu'ils se trouvent, il reste encore à révéler comme des photos précieuses d'autrefois - et d'aujourd'hui - ignorées, méconnues, oubliées, négligées ou même perdues, mais que nous nous devons de rappeler en notre mémoire et de restaurer en nos grandes archives nationales! Il y a trop de paresse d'esprit à chercher l'Autre pour se chercher soi-même et vivre dans un renouveau parfaitement unique et unifié par les femmes et les hommes de bon sens, constamment solidaires dans l'avancée de l'Algérie nouvelle! Quant à l'oeuvre d'art plastique de Jamil Amhis qui se dit pour autant «peintre amateur», elle est clairement visible et instruite, depuis 1989, dans un très grand nombre d'expositions internationales (y compris l'Algérie) et de marchés de ventes d'oeuvres picturales. On la retrouve citée et honorablement classée dans des dictionnaires biographiques, des annuaires, des articles, sous des intitulés divers à l'enseigne de l'Algérie, fixant par ainsi «l'ambition de progrès par la culture». (*) Jamil Amhis annonce disposer d'un site WEB (jamil-amhis.com)