L'Algérie a pris ses précautions en rétablissant l'embargo sur toutes les importations animalières tunisiennes L'Algérie a imposé un embargo sur les importations d'animaux ainsi que leurs produits pour éviter toute propagation. Les frontières algériennes ne font pas seulement face aux menaces terroristes et narcotrafiquants, mais également à des êtres microscopiques qui viennent s'ajouter à la longue liste des dangers qui guettent l'Algérie. Après que des foyers de fièvre aphteuse aient été identifiés dans certaines régions de Tunisie, le ministère de l'Agriculture est sur le pied de guerre pour éviter l'épidémie et a décidé l'interdiction sine die de toutes les importations de bovins et de leurs produits provenant de ce pays. En effet, les importations provenant de Tunisie sont classées à haut risque. Vendredi dernier, la direction des services vétérinaires tunisiens avait déclaré avoir détecté des cas de fièvre aphteuse en Tunisie et pris les mesures nécessaires en coordination avec les pays voisins dont l'Algérie, conformément à la convention sanitaire signée dans le cadre de la coopération avec les pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA). A cet effet, l'Algérie a pris ses précautions en rétablissant l'embargo sur toutes les importations animalières tunisiennes. Invasion microscopique? Une mesure destinée à éviter les risques de propagation de la maladie selon M.Boughanem Karim, directeur des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture qui a déclaré qu' «après la découverte de foyers de fièvre aphteuse en Tunisie, des mesures urgentes ont été prises pour empêcher la propagation de cette maladie sur le territoire national» ajoutant que «des orientations avaient été données aux agriculteurs et aux éleveurs pour prévenir l'apparition de la fièvre aphteuse parmi le cheptel». Une mesure «préventive» prise par le ministère de l'Agriculture au niveau national afin d'anticiper les risques de cette épidémie, notamment dans les wilayas frontalières et ce en coordination avec le directeur des services vétérinaires du ministère tunisien de l'Agriculture, Hicham Bouzeghaïa. M. Boughanem a souligné que «les services vétérinaires ont les moyens de faire face à un ou deux foyers de la fièvre aphteuse». Seulement avons-nous réellement les moyens logistiques et techniques pour faire face à cette invasion microscopique? Pour rappel, en 1996 cette épidémie avait causé la mort de 200 chèvres et 60 bovins. 46 personnes avaient également été contaminées dont trois avaient trouvé la mort. Outre la mobilisation des soldats de l'ANP pour sécuriser les frontières, les services concernés par cette épidémie sont en état d'alerte pour faire face à une éventuelle apparition de la maladie dans les régions frontalières et ont mobilisé les moyens nécessaires pour lutter contre d'éventuels cas de fièvre aphteuse et empêcher leur propagation. On enregistre déjà un dispositif de surveillance dans la wilaya d'El Tarf. Cette maladie se transmet à travers d'autres vecteurs, notamment humains et matériels. Dans ce sens, les véhicules et personnes traversant les frontières entre la Tunisie et l'Algérie seront soumis à des opérations de désinfection avec interdiction de faire passer des animaux ou des produits animaliers, en coordination avec les services concernés par la lutte contre la contrebande de cheptel sur les frontières. Selon M.Boughanem «les services vétérinaires ont informé le commandement général de la Gendarmerie nationale, la direction générale des Douanes et la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) de la situation afin d'intensifier le contrôle au niveau des frontières». Il convient de souligner que par rapport aux ports les frontières ne sont pas totalement hermétiques, et le risque de fuite et d'introduction de cheptel reste élevée. Le virus Le ministère de l'Agriculture a demandé aux éleveurs de limiter les déplacements des animaux et de solliciter, le cas échéant, l'aide de vétérinaires en vue d'organiser le déplacement des ruminants (bovins, ovins et caprins) en vertu d'un certificat vétérinaire. Ces derniers sont également tenus de ne pas introduire dans leurs exploitations de nouveaux animaux sans les soumettre à un contrôle vétérinaire. Durant cette période, les agriculteurs sont appelés à mettre en place les dispositifs nécessaires de désinfection à l'entrée des exploitations et chauler les accès des enclos abritant les animaux. Par ailleurs, le ministère a appelé les différents intervenants dans le secteur à faciliter le travail des vétérinaires au niveau de leurs exploitations et à les tenir informés de tout cas suspect. Le virus est source de souffrance pour les animaux et de pathologie contagieuse, en cas de contamination, leur température s'élève et des aphtes apparaissent sur leurs muqueuses buccales, nasales et mammaires, ainsi que sur les onglons, leur causant des boiteries. Pour sa part, la Tunisie a procédé à la fermeture des marchés de bétail dans le gouvernorat de Kef et renforcé le contrôle des mouvements du bétail au nord-ouest de Tunis. L'Algérie a déjà fait face à de nombreux virus. Pour rappel, en 2006, l'Algérie a suspendu ses importations de viande en provenance du Brésil et de l'Argentine par mesure de précaution, en raison de la présence de ce virus dans ces deux pays. En 2003, elle a également suspendu ses importations de viande canadienne après la découverte du premier cas de vache folle, et a fait également face à la vaste invasion du criquet en 2012. La fièvre aphteuse, de par sa grande contagiosité, est une maladie qui entraîne des conséquences économiques considérables. En plus des pertes induites par la mortalité des animaux ce qui provoque l'arrêt de la production laitière. Pour exemple, le coût de l'épizootie de fièvre aphteuse survenue en 2001 au Royaume-Uni, a été estimé à 12,2 milliards de dollars et entraîné l'abattage de 6 à 10 millions d'animaux.