Le Premier ministre a les coudées franches pour diriger sa nouvelle équipe Les femmes ministres dans cette nouvelle équipe ne vont pas seulement orner la vitrine. Bien au contraire, elles sont à la tête de départements extrêmement sensibles. La liste du gouvernement qui appliquera la feuille de route du président Bouteflika a été rendue publique hier. Remaniée à près de 40%, la composante de la troisième version du gouvernement Sellal est perlée de faits saillants: 12 nouveaux ministres dont sept femmes, un seul ministre d'Etat, deux ministres délégués, un ministère dédié à la jeunesse seule et une forte tendance à la stabilité, notamment dans les départements de souveraineté. Comme l'exige la galanterie, commençons par les femmes. Incontestablement, la présence féminine marque le gouvernement Sellal III. Certes, on est loin du quota des 30% adopté au niveau de l'Assemblée populaire nationale mais la présence de sept femmes au gouvernement dont l'une d'entre elles n'a que 35 ans (Aïcha Tagabou, ministre déléguée auprès du ministre du Tourisme et de l'Artisanat chargée de l'Artisanat), est déjà une prouesse. A titre comparatif, le gouvernement de Manuel Valls en France, issu du dernier remaniement comporte huit femmes. L'autre nouveauté est les femmes ministres algériennes dans ce nouveau gouvernement, qui ne seront pas que des faire-valoir pour les besoins de la vitrine. Bien au contraire, elles sont à la tête de départements extrêmement sensibles. L'Education nationale est un de ces départements qui sera désormais dirigé par Nouria Benghebrit. Il est quand même surprenant de changer de ministre à la veille des examens de fin d'année aussi déterminants comme ceux du baccalauréat, du BEM et de la sixième. Mais ce n'est qu'une juste récompense pour un secteur presque dominé par l'élément féminin. Mais quel cadeau dont est destinataire Mme Benghebrit! L'éducation est l'un des secteurs les plus compliqués, les plus sensibles et le plus peuplé avec plus de 8 millions d'élèves. Elle n'aura pas de répit et le temps n'est pas en sa faveur puisqu'elle passera son premier Bac dans moins d'un mois avant de se consacrer déjà à la rentrée scolaire. Du reste, Nouria Benghebrit n'est ni la première ni la seule à se retrouver à la tête d'un département sensible. La ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Zohra Derdouri, reconduite à son poste en est une. Le défi des nouvelles technologies, les chantiers lancés dans ce secteur et les attentes des populations algériennes sont l'une des priorités du gouvernement qui lui accorde une grande importance. Pratiquement, tout le développement de tous les secteurs est intimement lié au rythme d'avancement du ministère de Mme Derdouri. C'est dire la,place stratégique de ce département. Les autres ministères qu'occupent actuellement les femmes comme celui de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement dirigé par Dalila Boudjemââ, le portefeuille de la culture qu'occupe Nadia Labidi, la solidarité nationale de Mounia Meslem, le tourisme à sa tête Nouria Yamina Zerhouni, ne sont pas dénués d'importance. Petite victoire donc pour un grand remaniement mais ce n'est qu'un début. L'autre fait saillant est la séparation du ministère de la Jeunesse de celui des Sports. Des suicides, des immolations, des harraga et une terrible agression à la drogue. Il était temps de s' occuper des jeunes. Après les cadeaux de la campagne électorale (le Service national ramené à 12 mois, des facilitations à l'Ansej pour la création d'entreprises et des quotas de logements pour les diplômés), le nouveau gouvernement aura du boulot pour soulager cette frange de la population qui subit de plein fouet les errements des politiques tordues. Un autre aspect qui se dégage de ce nouvel attelage est cette tendance à la stabilité. Les ministères de souveraineté, notamment le département de l'intérieur qui garde à sa tête Tayeb Belaïz, la justice reste dirigée par Tayeb Louh, Ramtane Lamamra est toujours à la tête de la diplomatie. A ceux-là, il faut ajouter le ministère de l'Habitat qui a un très grand cahier des charges et autant de responsabilités avec les programmes de logement. Ce ministère sera toujours dirigé par Abdelmadjid Tebboune. En somme, il s'agit d'un remaniement profond censé conduire le programme du président dont les grands axes ont été déclinés durant la campagne électorale. Reste à savoir maintenant si ce dosage entre les anciens, les nouveaux, les revenants, les politiques et les technocrates sera efficace face à une conjoncture cruciale. Le premier gouvernement du quatrième mandat n'aura aucun droit à l'erreur. Dure, dure sera la tâche.