Le monde n'est plus à l'abri d'un dérapage incontrôlé de la part des acteurs actuels des crises géopolitiques qui marquent notre planète depuis trois années, à tout le moins. Ledit «Printemps arabe» peut, à la limite, constituer une datation du bouleversement géostratégique qui affecte désormais plusieurs régions du monde. De fait, la guerre en Syrie qui divise les grandes puissances, la crise ukrainienne qui prend des dimensions périlleuses induites par le bras de fer entre Moscou et Washington, le nucléaire iranien et, accessoirement nord-coréen, sont autant d'abcès de fixation pouvant exploser à tout moment menaçant de faire imploser la planète. Le monde a-t-il le luxe de se payer une nouvelle guerre mondiale? Or, si jamais un tel conflit a lieu, il sera nucléaire. Les guerres mondiales conventionnelles, qu'a connues le XXe siècle, n'ont en effet aucune chance de se réitérer en cette première décennie du XXIe siècle. Au plus fort de la crise du nucléaire iranien - alors qu'Israël poussait à l'irréparable - les plus hautes autorités américaines - tant sous George W.Bush que sous son successeur, Barack Obama - avaient affirmé que toutes les options étaient sur la table, y compris l'option nucléaire. Dans le cas iranien, les Etats-Unis avaient averti qu'ils n'hésiteraient pas à recourir à l'arme atomique. En août 2013, Washington était sur le point de «frapper» la Syrie, renonçant au dernier moment au risque d'un conflit direct avec la Russie. Qu'en est-il aujourd'hui alors que la crise en Ukraine engage des enjeux géostratégiques déterminants? En effet, la similitude entre les crises en Syrie et en Ukraine laisse plutôt perplexe. En Syrie, un complot a été fomenté par l'Occident contre le régime syrien, allant jusqu'à soutenir de toutes les façons (militaire, politique et diplomatique) les phalanges rebelles et les jihadistes islamistes. Le même cas de figure se reproduit en Ukraine. Ainsi, en Syrie, l'Occident fit alliance avec des déserteurs et des mercenaires (ladite «Armée libre de Syrie») et des jihadistes islamistes, alors qu'en Ukraine ce sont les néonazis du parti Svoboda er les fascistes de Parvy Sector qui animèrent la «révolution» de Maidan à Kiev, sous la supervision d'agents de la CIA. On s'interroge d'ailleurs sur ce que venaient faire en Ukraine le patron de la CIA, John Brennan (présence confirmée par la Maison-Blanche) et les agents de la centrale du renseignement américain? Ainsi, nous assistons depuis plusieurs mois à la fable du pompier-pyromane. Jeux dangereux qui consistent à mettre au pas les contestataires de l'hégémonie occidentale. A travers l'Ukraine, c'est en fait la Russie qui est visée. Ni les Etats-Unis, ni l'Union européenne (et ses Etats membres les plus influents) n'ont cherché à calmer le jeu et/ou à trouver une issue pacifique à la crise ukrainienne. Au contraire, l'Occident hausse le ton et donne l'impression de se préparer à la confrontation plutôt qu'à la désescalade à laquelle, hypocritement, il appelle. Comment expliquer la concentration de troupes occidentales et de l'Otan dans les pays baltes et en Pologne, si les intentions occidentales étaient assurément d'éviter tout faux mouvement pouvant mettre le feu aux poudres? Or, loin de raison garder, l'Otan et l'Occident montrent leurs muscles et parallèlement aux déclarations belliqueuses et aux sanctions contre Moscou, amassent des troupes aux frontières de la Russie. Ainsi, cinq navires de l'Otan sont arrivés vendredi dernier dans le port lituanien de Klaipeda, sur la Baltique. A en croire le ministre lituanien de la Défense, Juozas Olekas, la «présence accrue de l'Alliance dans la région constitue une mesure de dissuasion» face à la Russie. Peut-on vraiment dissuader Moscou par la force? Les renforts de troupes aux frontières de la Russie, ne sont-ils pas, dans la situation actuelle, un geste hostile qui pourrait appeler à la réciprocité? Outre l'Otan, les Etats-Unis ont aussi mobilisé quelque 600 soldats dans les pays baltes et en Pologne au cours des dernières semaines, alors que la Grande-Bretagne, la France et le Danemark y ont envoyé des avions de chasse. Et le ministre de la Défense britannique, Philip Hammond - qui accompagnait en Lituanie des troupes du Royaume-Uni -, d'enfoncer le clou, déclarant que «le principe d'une défense collective est absolument au coeur de l'Otan. En se joignant à la mission de police de l'air de la Baltique, nous réaffirmons notre engagement à ce principe de défense collective». La parenthèse de la cohabitation induite par l'effondrement du bloc soviétique est désormais fermée. L'Occident met le monde face à l'alternative: accepter son hégémonie ou subir l'apocalypse. Un chantage évidemment inacceptable!