Pas moins d'une dizaine de chefs de groupes français importants accompagneront Sarkozy lors de sa visite attendue cette semaine. L'ère des simples déclarations d'intention entre Alger et Paris semble bel et bien révolue. Depuis la visite d'Etat de Chirac en Algérie et ses engagements pris en faveur du renforcement des relations entre les deux pays jusqu'à leur faire atteindre un niveau d'excellence, les actions allant dans ce sens n'ont pas cessé de se multiplier. C'est ainsi qu'après le conseil interministériel qu'a tenu le chef du gouvernement français, Jean-Pierre Raffarin, en vue d'évaluer l'état d'application des instructions chiraquiennes données à ce sujet, le super-ministre en charge des Finances et de l'Economie, Nicolas Sarkozy est attendu à Alger dans le courant de cette semaine pour une visite de deux jours. Celle-ci s'inscrit dans le cadre d'un renforcement effectif des relations financières et économiques entre les deux pays. En témoigne le fait que ce haut responsable français sera accompagné d'une dizaine de P-DG d'éminents groupes hexagonaux à l'instar de la Ratp ou d'Alström et Total-Fina-Elf. La visite, qui devrait durer deux jours, permettrait aux hommes d'affaires français de rencontrer leurs homologues algériens, mais aussi de se familiariser quelque peu avec la manière dont est géré ce genre de questions chez nous. Il n'est pas exclu, partant de ce principe, que des promesses d'investissements et de partenariat seront mises en forme avant de se concrétiser dans les mois à venir, une fois finalisées l'ensemble de modalités pratiques liées à ce genre de questions. En effet, à voir «l'épaisseur» de la délégation qui accompagnera le ministre français, mais aussi les très fermes orientations données par Chirac, lequel cherche à conclure un pacte avec notre pays, n'ignorant pas toutes les potentialités et opportunités que ce dernier peut offrir, il ne fait aucun doute que cette visite ne restera pas sans conséquences sur un accroissement des échanges commerciaux entre les deux pays, mais aussi sur les investissements et le transfert de technologies. L'importance qu'attache la France à cette question, en effet, se mesure à l'aune de la course effrénée que lui mènent les USA, la talonnant de près concernant leur rayonnement sur la région maghrébine. Nous croyons savoir, ainsi, que sur instruction du chef de l'Etat français, un second conseil interministériel devrait se tenir en France dans les prochaines semaines en vue de se pencher sur l'état d'avancement du «véritable plan Marshall» décrété par Alger et Paris. Notre correspondant à Lyon précise, pour sa part, qu'une vingtaine d'entreprises françaises a investi en Algérie dans les wilayas de Sétif, Annaba et Blida, ce qui donne un aperçu de l'importance de ce retour en force des entreprises françaises depuis 1999. Loin de s'arrêter sur un si important essor, le ballet des ministres français ira crescendo durant cet été puisque dès le premier juillet nous recevrons la visite du chef de la diplomatie français, Michel Barnier, et au milieu de ce même mois, celle de la ministre de la Défense, Mme Michelle Alliot-Marie. Les deux visites s'inscrivent dans le cadre de l'élargissement du spectre de la coopération entre les deux pays. En effet, si sur le plan sécuritaire l'Algérie est devenue une référence pour la planète entière dans sa lutte contre le terrorisme intégriste, Paris et Alger jouissent d'une certaine communauté de vue concernant certaines questions internationales, notamment celle relative à l'Irak. Notre pays, membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, est tout naturellement courtisé par Paris, qui affronte à fleurets mouchetés Washington au sein de ce conseil, mais aussi par médias et déclarations interposés. La France, qui a déjà déclaré, par la voix de son président, lors de sa conférence de presse, qu'elle sera notre meilleur avocat dans nos négociations relatives à l'adhésion à l'OMC, ne semble pas non plus étrangère à l'aboutissement rapide de notre demande concernant le paiement par anticipation d'une partie de notre dette. Ce n'est pas tout. La France, via le Club de Paris, est le pays qui a le plus progressé dans le cadre de la reconversion d'une partie non négligeable de notre dette, comme le soulignait le président français lors de sa dernière visite à Alger, intervenue une semaine à peine après la réélection de Bouteflika à la tête de l'Etat algérien. Ce dernier, loin de rester insensible à cette historique entreprise de charme, compte lui aussi envoyer des ministres en visite en France dans le courant des tout prochains mois. A la suite du conseil interministériel qui avait eu lieu à Alger autour des résolutions prises par les deux chefs d'Etat, nous croyons savoir qu'un conseil des ministres serait consacré à la même question dans un assez proche avenir, ce qui est unique dans les annales de l'Algérie indépendante. Mais le jeu en vaut bien la chandelle.