La visite du chef de l'Etat français, bien que non encore annoncée officiellement, aurait, en principe, lieu dans quelques semaines, probablement au mois de juillet, selon nos sources. Les relations algéro-françaises vont-elles connaître avec l'élection de Nicolas Sarkozy une dynamique de consolidation dans la même lignée, sinon meilleure que lors de la période du règne de Jacques Chirac ? Certes, pour le moment, on n'en est des deux côtés de la Méditerrannée qu'au stade des intentions, car, malgré la sérénité qui a caractérisé ces dernières semaines les déclarations des responsables des deux pays, les appréhensions persistent en raison du lourd contentieux historique qui continue de peser sur ces relations. Les contacts pris récemment permettront-ils de réchauffer des rapports toujours passionnés entre l'Algérie et la France ? On apprend, en tout cas, que Nicolas Sarkozy aurait déjà dépêché à Alger l'un de ses proches, en la personne de Jean-David Levitte, ancien ambassadeur de France à Washington et également fidèle de Chirac, afin de préparer, avec la partie algérienne, la visite officielle qu'il devrait effectuer dans notre pays. Sarkozy a donc confié, pour sa part, cette mission à son conseiller diplomatique, voire son “sherpa”. Ce déplacement, bien que pas encore annoncé officiellement, aurait, en principe, lieu dans quelques semaines, probablement au mois de juillet, selon nos sources. C'est dire que, selon toute vraisemblance, Paris demeure attaché à la sauvegarde et au renforcement d'un partenariat stratégique avec Alger. D'autres faits plaident pour cette option, à l'image de la désignation, sur les conseils, d'ailleurs de Jean-David Levitte, de Nicolas de la Granville, un diplomate de carrière et bon connaisseur des pays d'Afrique du Nord, à la cellule diplomatique de l'Elysée. Jean-David Levitte est présenté, en France, comme le diplomate parfait, d'autres le surnomment, pour ses compétences, “Diplomator”. C'est donc lui que Nicolas Sarkozy a choisi pour lui préparer le terrain pour une visite très attendue, sachant toute la particularité qui caractérise les rapports entre les deux pays. Du côté des deux parties, on semble donc décidé à privilégier un partenariat basé sur le pragmatisme, une démarche qui préserve les intérêts mutuels, tout en évitant de lorgner vers les sujets qui fâchent. Une manière de dépasser les zones de discorde et de donner sa chance à une relation stratégique bénéfique pour les deux parties. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a, d'ailleurs, saisi l'occasion de son survol du territoire français, pour renouveler son engagement en faveur d'un “partenariat d'exception” entre l'Algérie et la France. Dans un message adressé à son homologue français Nicolas Sarkozy, alors qu'il se rendait ce jeudi en Allemagne, au Sommet du G8, le chef de l'Etat a réitéré son “engagement personnel à œuvrer pour la consolidation de la dynamique de rapprochement” que connaissent aujourd'hui les deux pays, appelée, selon lui, à trouver son couronnement dans “l'édification du partenariat d'exception que nos deux peuples appellent de leurs vœux”. “Je suis convaincu qu'ensemble, à travers le renforcement de notre concertation et de notre dialogue politique, nous pourrons apporter une contribution appréciable à la promotion des valeurs de coopération, de paix et de stabilité dans le monde et en particulier dans notre sous-région méditerranéenne”, a soutenu Abdelaziz Bouteflika. C'est la seconde fois après l'arrivée de Sarkozy au palais de l'Elysée que Bouteflika écrit à ce dernier pour plaider le renforcement des relations entre les deux pays. Le chef de l'Etat avait, en effet, déjà adressé un message de félicitations à Sarkozy juste après l'annonce des résultats officiels de l'élection présidentielle française lui proposant la relance des relations de partenariat entre les deux pays sur de nouvelles bases. Donnant écho à la missive de Bouteflika, Sarkozy s'était dit “convaincu” que l'“approfondissement de la relation d'exception entre l'Algérie et la France doit constituer une priorité commune”. L'option d'un partenariat d'exception est une idée qui était également chère à l'ex-président français Jacques Chirac, mais qui n'a pu être concrétisée sous son règne en raison du différent apparu entre les deux parties sur la lecture à faire sur les évènements relatifs à la période coloniale. Hamid Saïdani