Un certain personnel politique manque cruellement de réalisme. Il confond tout. Consensus, opposition et même formation politique. Ce personnel veut se cadrer dans ce qu'il appelle «la coordination pour la transition démocratique». Il y a là cinq partis (MSP, RCD, El Adala, Jil El Jadid, Ennahda) et une personnalité politique, Ahmed Benbitour. Cela fait peut-être beaucoup d'intitulés mais peu de représentativité. De plus, cinq partis sur la centaine de formations politiques que compte la scène politique, avouons que le poids n'y est pas. Il ne s'agit pourtant pas d'exclure qui que ce soit. Même pas la minorité de la minorité. Sauf qu'il leur faut redescendre de leur nuage et être un peu plus lucides. Quand ils avancent la «transition démocratique» on a l'impression qu'ils vivent dans un autre âge. Qu'ils ne savent pas que l'Algérie est une démocratie depuis 1989. Qu'il faille parfaire cette démocratie? Bien sûr et cela fait précisément l'objet du projet de révision de la Constitution en cours. Une «transition» pour aller où? Vers quoi? Au profit de qui? Plus attristant encore est le fait que ces politiques parlent encore de «transition» après le 17 avril. Le train des réformes est en marche. Le projet de révision de la Constitution est en cours. Une personnalité, Ahmed Ouyahia, est chargée de «conduire l'opération sous l'autorité du président de la République». Certains, en manque d'arguments, contestent cette désignation. Il se trouve que la Constitution actuelle est toujours en vigueur et qu'elle confère le droit de révision de la loi fondamentale au chef de l'Etat. Il faut que nos politiques se départissent, une bonne fois pour toutes, de ces problèmes de personnes. Il s'agit de gouvernance. Il s'agit d'un Etat. Il s'agit de l'avenir d'un peuple. Si nous avons donné toute l'importance à ce «carré» de partis politiques, nous n'oublions pas malgré tout que le cap fixé est d'arriver à une «Constitution consensuelle». D'où l'importance de la «démocratie participative» sur laquelle insiste le président de la République depuis sa réélection. Tout monopole vole en éclats. La société civile et les personnalités nationales participeront au même titre que les partis. Un élargissement qui s'explique par le souci d'une réelle représentativité du peuple algérien. Ne nous racontons pas d'histoires, depuis les «arouch» et jusqu'aux citoyens qui n'ont plus que la rue pour s'exprimer en passant par les législatives de 2012 que beaucoup de voix demandent à «dissoudre», il est plus qu'évident que les partis politiques ne mobilisent plus les foules. Au passage et à ceux qui demandent la dissolution de l'actuelle APN, disons-leur, qu'un «deuxième tour» n'a rien de miraculeux pour offrir mieux. Cela répond du même coup à ceux qui pensent qu'un régime parlementaire est préférable au système présidentiel. Et qu'au lieu de faire une fixation sur ces points, il est beaucoup plus utile de s'arrêter sur ces nouvelles notions chez nous de «démocratie participative» et de «Constitution consensuelle». Cela veut dire qu'aucune formation politique ne détient à elle seule la vérité absolue. Que le débat s'ouvre à des segments de la société qui n'avaient pas auparavant d'avis à donner sur les grandes orientations du pays. Il faut que les «cinq» mais pas seulement, s'imbibent de cette réalité et se mettent en phase avec ce qui se passe dans le pays. Allez, soyons directs! L'Etat algérien ce n'est plus des fauteuils à distribuer au gré d'on ne sait quel équilibre géographique ou idéologique. La gouvernance du pays est sortie du privilège et de la rente pour se mettre au service de tous les Algériens. Après 25 ans d'apprentissage de la démocratie, «il est temps de lever les tutelles sur le peuple» avait prévenu le président Bouteflika en 2004. Nous y sommes!