L'Algérie possède une diaspora estimée à cinq millions d'Algériens C'est la première fois depuis l'indépendance, qu'un ministre des Affaires étrangères prend la défense des Européens d'origine algérienne. Intervenant lors de la huitième session du Conseil d'association avec l'UE, à Bruxelles, le ministre des Affaires étrangères, M.Ramtane Lamamra. a mis l'accent hier, sur la nécessité de «respecter la dignité» des citoyens algériens, mais aussi des Européens d'origine algérienne». En bouclant ses travaux à Bruxelles, le chef de la diplomatie algérienne a évoqué la situation intérieure en Europe à la veille des élections parlementaires. «Nous avons donc évoqué le racisme, la xénophobie, l'islamophobie», a indiqué M.Lamamra lors d'un point de presse à l'issue de la réunion. Le ministre a dénoncé à cette occasion «les discours de certains candidats» aux prochaines élections parlementaires européennes». C'est la première fois qu'un diplomate algérien prend fait et cause pour les Européens d'origine algérienne. Nombreux parmi eux, qui possèdent la double nationalité, se sont depuis quelques années parfaitement intégrés dans les plus hautes instances républicaines d'Europe au nom de la politique de la discrimination positive. C'est également une main tendue du ministre des Affaires étrangères à la diaspora algérienne en Europe, qui active beaucoup sur le plan économique, politique, scientifique mais aussi sur le plan social et sportif. L'Algérie possède une diaspora estimée à cinq millions d'Algériens dont les deux tiers sont installés en Europe, surtout en France mais aussi en Belgique, en Espagne, en Italie et en Allemagne. Moins de 100.000 Algériens vivent entre l'Amérique du Nord, le Maghreb et le Moyen-Orient. Cette déclaration intervient aussi dans un contexte médiatique très tenu, où plusieurs cadres européens d'origine algérienne souffrent de la discrimination et de la xénophobie dans la cour des Républiques européennes. Au cours de la réunion du Conseil d'association, qui s'est déroulée à huis clos au siège du Conseil européen, l'Algérie a également insisté sur la nécessité de prendre en considération ses spécificités en tant que pays central dans le Maghreb, un pays qui dispose d'importantes ressources économiques, un pays qui a un poids politique et sécuritaire dans son environnement et qui a largement contribué à la stabilité et la sécurité énergétique de l'Europe, a affirmé le chef de la diplomatie algérienne. «Nous sommes en pleine maîtrise de notre destinée sur les plans politique et économique, nous avons des atouts comparatifs importants par rapport à d'autres partenaires de l'UE et nous entendons être traités en conséquence. Je crois que le message est entendu par nos partenaires européens, a-t-il noté. Un message clair lancé aux Européens, qui vise notamment à ne pas casser la dynamique de l'UMA. La session du Conseil d'association, qui vient de clore ses travaux, a été, par ailleurs, marquée par le paraphe du protocole à l'Accord d'association sur la participation de l'Algérie aux programmes de l'UE relatifs à la recherche/développement ouverts aux pays partenaires du voisinage de l'UE. L'Algérie a noté «avec satisfaction l'approfondissement du dialogue et de la concertation avec l'UE sur les questions d'actualité d'intérêt commun à promouvoir dans le cadre du Sous-comité (dialogue politique, sécurité et droits de l'homme) et dans d'autres domaines». Sur le volet des droits de l'homme, la réélection de l'Algérie au Conseil des droits de l'homme pour la période 2014-2016, est «l'illustration parfaite de son engagement total et irréversible en faveur de la promotion des droits humains», a souligné l'Algérie dans sa déclaration. Sur la question des personnes disparues au cours de la tragédie nationale, et «en dépit de sa complexité et des souffrances qu'elle continue de provoquer», l'Etat algérien «continuera d'oeuvrer dans le cadre de la loi, en vue de régler ce problème et n'acceptera, en aucune manière, que cette question profondément humaine, fasse l'objet d'une quelconque manipulation ou instrumentalisation politique». En outre, l'Algérie, est «plus que jamais convaincue que le terrorisme ne peut être combattu efficacement qu'à travers une prise en charge solidaire de ce fléau par la communauté internationale». A cet égard, elle n'a eu de cesse de plaider en faveur de l'adoption d'une convention internationale sur la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée, considérant que la criminalisation du paiement de rançons aux groupes terroristes, est «un moyen efficace de lutte contre cette menace mondiale et souhaite que l'UE apporte son appui aux efforts de l'Algérie dans ce domaine». Concernant la situation en Syrie, l'Algérie qui a toujours prôné le dialogue entre les parties syriennes pour résoudre la crise dans ce pays frère, en dehors de toute intervention militaire étrangère, estime que «les efforts de médiation de M. Lakhdar Brahimi doivent se poursuivre et bénéficier de l'appui des protagonistes et des parties influentes, dont l'UE». D'autre part, l'UPM (Union pour la Méditerranée) est considérée par l'Algérie comme étant «un cadre utile de concertation et de coopération orientées sur les projets labélisés à mettre en oeuvre sur la base de la règle de la géométrie variable». Enfin, l'Algérie a invité hier à Bruxelles, l'Union européenne et ses Etats membres à «user de leur influence pour soutenir les efforts des Nations unies en vue de parvenir à un règlement juste et définitif» du conflit au Sahara occidental fondé sur le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui.