Les deux parties ont identifié six groupes mixtes de travail. L'Algérie et l'Union européenne se sont retrouvées hier, au Luxembourg, dans le cadre du Conseil d'association, pour finaliser la mise en place des sept groupes sectoriels de travail et de coopération, et pour un échange de vue sur la situation politique et sécuritaire de la région euro- méditerranéenne. Cette deuxième rencontre pour la mise en place des instruments institutionnels de coopération a été coprésidée, du côté algérien, par M.Mohamed Bedjaoui, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, et par M.Frank Walter Steinmeier, ministre des Affaires étrangères allemand, président du Conseil européen pour la partie européenne, ainsi que par Mme Bénita Ferrero-Waldner, commissaire européen pour les Affaires étrangères, ayant en charge la Politique européenne de voisinage (PEV). Sur le plan technique, les deux parties ont identifié six groupes mixtes de travail, plus un sous-comité réservé à la coopération douanière. Les six groupes de travail pour lesquels les règles de fonctionnement et le calendrier des rencontres ont été arrêtés sont: 1- l'industrie, le commerce et les services; 2- le transport, l'environnement et l'énergie; 3- la société de l'information, la recherche, l'innovation, l'éducation et la culture; 4- l'agriculture et la pêche; 5- la justice et les affaires intérieures; 6- les affaires sociales. Après ces aspects réglementaires des instruments de coopération, l'Algérie et l'U.E ont procédé à un large débat sur la situation politique dans la région. Les dramatiques attentats terroristes qui ont frappé Alger le 11 avril dernier, ainsi que ceux ayant secoué le Maroc, ont mis au devant l'urgence d'une coopération plus active dans le domaine de la lutte contre le terrorisme international. Sur ce point, en dehors des questions liées à l'échange d'informations, la coopération policière et judiciaire, les deux parties sont convenus que le Pacte de paix et de stabilité en Méditerranée est indissociable de la situation au Moyen-Orient, Palestine et Irak notamment. Par ailleurs, l'Algérie rappelle que tout en veillant à ce que la lutte antiterroriste soit menée dans le respect des droits de l'homme, il est impératif de la différencier de la lutte contre l'occupation étrangère et de la lutte pour l'autodétermination des peuples. De même, l'Algérie insiste pour que l'Europe donne plus de moyens au dialogue interculturel et interreligieux, afin de lever au sein des opinions les équivoques et amalgames qui sont à l'origine des phénomènes d'islamophobie, de discrimination, voire de xénophobie et de racisme envers les populations d'origine étrangère, en particulier celle d'origine arabe et maghrébine. Concernant la coopération économique, la question énergétique a été longuement évoquée. Si cette question n'avait pas été contenue dans tous ses aspects lors de la signature de l'accord d'association, en 2002, les deux parties ont convenu d'un protocole additionnel en février et mars de cette année pour l'inclure dans l'accord global. Au-delà des raisons qui ont prévalu à sa prise en charge dans l'accord lui-même, il demeure un nombre de divergences entre les deux parties. L'exemple de la clause de finalité et du régime de concurrence ont été, bizarrement, soulevés par l'Algérie. Alors que c'est l'UE qui insiste pour le respect de la libre concurrence du transport et des prix de l'énergie, il se trouve que c'est l'Espagne, par exemple, Etat important de l'UE qui refuse à l'Algérie la libre commercialisation de son quota de gaz en Espagne. L'Algérie estime que l'accord stratégique sur l'énergie négocié avec l'UE doit respecter tous ces engagements. La procédure de sanction par la Commission de Bruxelles à l'encontre des Etats membres qui ne respectent pas les termes des accords est connue: une amende financière. Elle paraît peut contraignante puisque, régulièrement, certains Etats préfèrent payer des amendes que d'entraver les intérêts d'un quelconque lobby économique. C'est dire combien la rencontre d'hier au Luxembourg, n'est pas une simple réunion de coordination et d'échanges de bons procédés. Les discussions sont âpres, et même si au moment où nous mettons sous presse, toutes les décisions et communiqués n'ont pas encore été rendus publics, il est certain que les groupes de travail mis en place ont du pain sur la planche. C'est aux négociateurs algériens de sentir tout le poids de la responsabilité qui leur pèse pour défendre au plus haut les intérêts du pays. Les Européens habitués qu'ils sont dans ce domaine, ne font pas de cadeau.