Le chef de la diplomatie algérienne En déplacement actuellement dans le cadre d'une tournée aux pays du Sahel, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a imprimé une autre idée de la diplomatie dans la région. Après une période d'atonie, l'Algérie désormais repris sa place dans le concert des nations à commencer par son rôle dans la région du Sahel. M. Lamamra a notamment fait le consensus sur une démarche de paix pour le règlement de la crise dans cette région minée. Lors de la réunion de haut niveau des ministres des Affaires étrangères des pays du Sahel à Bamako, il a insisté sur «un travail de persévérance pour réunir les conditions de la tenue d'un dialogue inter-malien inclusif pour la reconstruction de ce pays et assurer la stabilité et la paix dans la région». Lamamra ne manquera pas de souligner en toute clarté: «Nous devons travailler main dans la main, avec persévérance, afin de réunir les conditions d'un dialogue inter-malien inclusif le plus tôt possible.» Ce technocrate qui a su adopter un langage diplomatique a bien noté que le temps presse, qualifiant de particulier le contexte actuel qui prévaut au Mali, soutenant ainsi: «Le Mali est dans une période particulièrement importante de son histoire», assurant qu' «avec le concours des pays voisins et des pays africains, le Mali parviendra inexorablement à transcender une conjoncture extrêmement difficile». «L'engagement de l'Algérie est souhaité» Dans son intervention, le chef de la diplomatie algérienne relève aussi que «la 3ème session du Comité bilatéral stratégique algéro-malien sur le Nord-Mali avait été une occasion de confirmer l'identité de vues et la convergence des actions entre, notamment l'Algérie et le Mali autour de la question malienne et de la région». Non sans avoir attesté: «Je me réjouis que cette nouvelle rencontre ait été une opportunité de confirmer l'identité de vues et la convergence des actions de l'Algérie et le Mali et un certain nombre de pays voisins pour que le dialogue inter-malien puisse regrouper l'ensemble de son peuple et mobiliser tout le monde dans les tâches exaltantes de la reconstruction et de consolidation du processus démocratique». Le ministre des Affaires étrangères précise dans sa communication qu'«il fallait ouvrir de nouveaux horizons, de nouvelles perspectives pour des lendemains quantitativement meilleurs dans toutes les sphères maliennes», jugeant «excellente» la qualité des relations bilatérales entre l'Algérie et le Mali. Pour sa part, le président malien, Ibrahim Boubakar Keita, précise que «les liens unissant l'Algérie et le Mali étaient tellement profonds, qu'aucune conjoncture ne pourrait remettre en cause». Le chef de l'Etat malien a reconnu dans son intervention que «l'Algérie avait le souci permanent de refonder le tissu d'un Mali déchiré», soutenant «ce qui a été scellé entre le Mali et l'Algérie a été tellement profond qu'aucune conjoncture ne pourrait remettre en cause. Il y a entre les deux pays des liens de fraternité et de confiance, trempés dans le sang». Pour le président malien «l'Algérie s'était toujours montrée soucieuse de la situation du Mali, soulignant le rôle qu'elle joue pour refonder le tissu d'un Mali lardé». Dans ce même ordre, le ministre malien, des AE, de l'Intégration africaine et de la Coopération internationale Abdoulaye Diop, s'est dit certain «de la contribution très positive de l'Algérie à promouvoir un dialogue constructif et franc entre les parties maliennes. L'engagement de l'Algérie est le bienvenu et souhaité», a-t-il souligné, ajoutant que «les deux pays devaient aller vers les meilleures solutions pour renforcer la paix et la stabilité dans le Mali et la région». Il ne manquera pas non plus de saluer les positions claires de l'Algérie, notamment son engagement. Il relève également l'assistance de l'Algérie aux populations du Nord-Mali. Dans ce contexte, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, Bert Koenders juge que «l'Algérie a un rôle très important à jouer pour aider à l'instauration de la paix et la reconstruction du Mali. Bert Koenders, également chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali, déclare à ce sujet que «l'Algérie le fait déjà et nous sommes à leurs côtés pour coopérer ainsi qu'avec les pays de la région pour accompagner les Maliens en vue d'aboutir à la paix». Prenant la parole, le Haut représentant de l'Union africaine pour le Mali et le Sahel, Pierre Buyoya, avoue que son organisation prenait en considération l'engagement de l'Algérie dans la résolution des conflits dans les pays de la région, notamment au Mali. A ce propos il déclare: «Nous suivons avec intérêt ce que fait l'Algérie dans la région, en particulier au Mali pour rapprocher les Maliens. Nous tenons à affirmer notre soutien à cette approche.» 982 km de frontières en guerre Les ministres des Affaires étrangères des pays du Sahel ayant pris part à cette troisième session ont été tous unanimes à réitérer leur soutien aux efforts consentis par l'Algérie sans réserve, visant à réunir les conditions de succès pour la tenue des pourparlers inter-maliens envisagés au Mali. Dans un communiqué de fin de travaux de la réunion, ceux-là même ont exprimé leur appui au plan d'action de l'Algérie. Par ce plan qualifié de stratégique, l'Algérie entend mettre en oeuvre un processus de dialogue. Pour ce faire, les ministres des AE des pays du Sahel, «s'engagent à demeurer pleinement disponibles, individuellement et collectivement pour apporter leur contribution par les voies appropriées au succès du processus de ces pourparlers», indique-t-on dans le même communiqué. Cette réunion se déroule au moment où le Mali fait face à de graves crises sécuritaires, notamment après les affrontements du Kidal. Au moins 36 personnes, dont huit militaires, ont été tués dans des heurts entre l'armée malienne et des hommes armés dans cette ville située à l'extrême nord. Le gouvernement malien indique: «Au cours des affrontements, les forces armées maliennes ont enregistré huit morts et 25 blessés, tandis que 28 morts et 62 blessés ont été dénombrés du côté des agresseurs.» A ce même propos le ministère de la Défense malienne souligne dans un communiqué: «Les agresseurs sont des éléments du Mnla, le Mouvement national de libération de l'Azawad, l'un des trois groupes armés actifs dans le nord du pays», et de confirmer dans le même document «la rébellion touarègue du Mnla et des terroristes retiennent en otage une trentaine de fonctionnaires à Kidal. Les affrontements violents avaient éclaté samedi dernier dans la ville citée plus haut considérée comme le fief de la rébellion touarègue. Le Mali n'est pas le seul pays qui inquiète l'Algérie suite aux conflits interminables entre le gouvernement malien et la rébellion touarègue. La Libye avec qui l'Algérie partage 982 km de frontière, à sombré dans la guerre. Les méfaits dus à l'incompétence du gouvernement libyen à trouver un consensus pour instaurer même une sécurité partielle peuvent avoir de graves conséquence sur la sécurité de l'Algérie qui vient de mobiliser 20.000 soldats aux frontières en décrétant l'état d'urgence. Prise en otage par des milices multinationales, la situation en Libye ne sera pas redressée vu l'ampleur de la crise actuelle. L'autre problème qui inquiète l'Algérie, est la circulation des armes au Sahel, dans tous les sens, mais aussi les narcotrafiquants qui travaillent de concert avec les groupes terroristes.