Nouvelles attaques meurtrières au Nigeria Deux villages situés près de Chibok (nord-est), où le groupe islamiste armé avait enlevé plus de 200 lycéennes mi-avril, ont été attaqués coup sur coup, lundi et mardi, par des hommes armés non identifiés. Près de 150 personnes ont péri en deux jours au Nigeria, dans des attaques de villages dans le Nord-Est et un attentat à Jos (centre), déstabilisant un peu plus le gouvernement malgré la mobilisation internationale contre Boko Haram. Deux villages situés près de Chibok (nord-est), où le groupe islamiste armé avait enlevé plus de 200 lycéennes mi-avril, ont été attaqués coup sur coup lundi et mardi par des hommes armés non identifiés. D'après les bilans fournis par les habitants, les assaillants ont tué 10 personnes à Shawa lundi, puis 20 à Alagarno mardi. «L'attaque a été brutale. Ils se sont mis à tirer et ont incendié nos maisons. Nous avons dû nous enfuir dans la brousse. Ils ont tué 20 des nôtres», a témoigné un habitant d'Alagarno. A Jos, dans le Centre, les opérations de secours se poursuivaient mercredi pour tenter de trouver d'éventuels survivants - ou des cadavres - enfouis sous les décombres après le double attentat de mardi, qui a fait au moins 118 morts et 56 blessés. Selon Manzo Ezekiel, porte-parole de l'Agence nationale de gestion des crises, le bilan pourrait s'aggraver. Le porte-parole du gouverneur de l'Etat du Plateau, dont Jos est la capitale, a attribué l'attentat à Boko Haram. «L'enquête est en cours mais il s'agit clairement d'une extension des activités terroristes qui ont frappé le nord-est du pays, l'insurrection de Boko Haram», a-t-il déclaré. Pour Kyari Mohammed, un spécialiste de Boko Haram à l'université Modibbo Adama de Yola (nord-est), la double attaque de Jos - l'explosion de deux véhicules piégés à 20 mn d'intervalle sur un marché - porte la marque du groupe islamiste. «Ils sont les seuls capables de faire cela. N'importe quel groupe rebelle peut utiliser des bombes, mais pas avec un tel degré de sophistication», estime-t-il. Cette nouvelle tuerie ravive la crainte de violences inter-religieuses, avec leur cycle infernal de représailles qui ont déjà ensanglanté l'Etat du Plateau et sa capitale Jos par le passé. Le Plateau est situé à la charnière entre le Sud chrétien et le Nord majoritairement musulman. «Les attentats sont un coup très dur, surtout après le travail accompli ces dernières années pour favoriser la coexistence pacifique et le respect entre tous les groupes ethniques, religieux et politiques», a déclaré l'archevêque de Jos et président de la conférence épiscopale du Nigeria, Ignatius Ayau Kaigama, à l'agence catholique Misna. «Boko Haram veut créer le chaos, le désastre national. Je me serais attendu à ce que le gouvernement et les organes de sécurité aient été capables d'individualiser et d'arrêter les responsables des violences», a déploré l'archevêque. Cette critique s'ajoute au flot qui se déverse depuis des mois sur le gouvernement et les forces de sécurité, incapables d'arrêter la spirale de violence qui a fait plus de 2.000 morts depuis le début de l'année. Outre le rapt de 276 adolescentes à Chibok, qui a scandalisé l'opinion publique mondiale et entraîné une mobilisation internationale, Boko Haram a revendiqué une série d'attaques spectaculaires depuis un mois et demi, dont deux attentats à la voiture piégée à Abuja, la capitale fédérale, qui ont fait au total une centaine de morts. Le président nigérian Goodluck Jonathan, déjà en difficulté sur le plan politique, avait réitéré mardi son engagement à «gagner la guerre contre le terrorisme». Le Parlement nigérian avait validé le même jour la prolongation de l'état d'urgence en vigueur dans trois Etats du Nord-Est, demandée par M. Jonathan. Mais cette mesure d'exception déjà en vigueur depuis mai 2013, accompagnée d'une vaste offensive militaire, n'a jamais permis d'enrayer les violences de Boko Haram. Les attaques se sont au contraire multipliées, visant de plus en plus les civils.