Créé officiellement en 1961 à Belgrade, à l'initiative de Joseph Broz Tito (ex-Yougoslavie), Jamal Abdel Nasser (Egypte) et Jawaharlal Nehru (Inde), notamment le mouvement s'est voulu dès sa naissance un forum d'expression, de revendication et de solidarité entre les peuples. Le MNA tire ses fondements de la Conférence de solidarité afro-asiatique de 1955 à Bandung (Indonésie) qui avait réuni 29 chefs d'Etat, en présence de nombreux représentants de mouvements de libération nationale dont le Front de Libération nationale qui menait la lutte pour l'indépendance de l'Algérie qui était représentée à l'époque par Hocine Aït Ahmed. La rencontre de Bandung avait affirmé le droit à l'indépendance et au recouvrement de la souveraineté nationale des peuples et nations d'Asie et d'Afrique, et appelé à la création d'un espace d'entraide entre les pays en voie de développement. Les thèmes abordés tourneront autour de l'indépendance des pays du Maghreb, l'Algérie, la Tunisie et le Maroc, de la fin du régime ségrégationniste de l'apartheid en Afrique du Sud ainsi que du conflit israélo-arabe. Le texte adopté au terme de la conférence rejette le racisme et le colonialisme, réclame une coopération économique mondiale pour lutter contre le sous-développement et tente de promouvoir une charte des relations entre Etats. Si Bandung marque l'irruption du tiers-monde sur la scène internationale, le non-alignement ne naît qu'en juillet 1956, avec la conférence de Brioni (Yougoslavie) réunissant Nasser, Nehru et Tito. Le 1er septembre 1961, la Première conférence des Non-alignés s'est tenue à Belgrade. 25 pays y participent. Le tiers-monde politique y avait solennellement affirmé les cinq principes de la coexistence pacifique entre pays de régimes politiques différents: le respect mutuel pour l'intégrité et la souveraineté, la non-agression mutuelle, la non-ingérence dans les affaires intérieures, l'égalité et le bénéfice mutuel et la coexistence pacifique. Ces démarches allaient porter leurs fruits avec la tenue, en 1975, de la 7e session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies convoquée à la demande de l'Algérie (présidente du MNA 1973-1976) et dirigée par un président très sensible aux idées du MNA, le président Houari Boumediene, pour discuter d'un nouvel ordre économique international, capable de stimuler le développement des pays du tiers-monde. Cette initiative sans précédent, venue bousculer un monde régi par un système de gouvernance mondiale inégalitaire favorisant les pays riches au détriment des pays pauvres, allait avoir un fort retentissement. C'est donc à l'occasion du Sommet d'Alger (1973) que fut adoptée, sur proposition de l'Algérie, la décision de mettre en place, à New York, le Bureau de coordination des non-alignés, en tant qu'organe chargé d'assurer la continuité de l'action du Mouvement entre les sommets et les conférences ministérielles. Depuis, le MNA n'a cessé, à travers ses différents sommets et ses multiples démarches, de maintenir l'esprit qui a présidé à ses naissances: souveraineté nationale, paix et prospérité. Son dernier sommet (Téhéran 2012) a d'ailleurs réaffirmé «la persistance de la validité et de l'utilité de la vision des principes et des objectifs du MNA dans la conjoncture internationale contemporaine».