La commission électorale du Malawi a annoncé hier qu'une partie des suffrages allait être recomptée pour la présidentielle contestée du 20 mai, mais le candidat en tête a ensuite obtenu de la justice l'arrêt de ce nouveau décompte. Joyce Banda, présidente de ce petit Etat pauvre d'Afrique australe, a plongé le pays dans la crise politique en décrétant samedi l'annulation de l'élection, dénonçant de «graves irrégularités», avant que la justice n'invalide sa décision. Elle était en passe de perdre face à l'ancien ministre Peter Mutharika, selon des résultats partiels, et proposait de revoter dans les 90 jours sans se présenter. La commission électorale a alors annoncé qu'elle allait recompter les bulletins là où «durant le dépouillement des cas ont été découverts où le total des votes exprimés dépasse le nombre d'électeurs inscrits dans le bureau». La commission a ainsi confirmé l'existence de certaines des irrégularités que la présidente dénonce. Mais cette solution n'a visiblement pas apaisé les esprits. L'avocat de M. Mutharika, Kalekeni Kaphale a indiqué qu'il avait saisi la justice et obtenu un arrêt pour stopper le processus, car il était «prématuré de demander un nouveau décompte alors que les résultats ne sont pas sortis». Mme Banda affirme que des électeurs ont voté plusieurs fois et que des urnes ont été bourrées lors de ce triple scrutin: présidentiel, législatif et municipal. Elle se plaint aussi des ratés du système informatique de comptage des votes. La commission électorale a en effet dû passer en mode manuel, occasionnant des lenteurs mais sans remettre en cause la fiabilité du résultat, selon elle. Plus de la moitié (62%) des bulletins ont été dépouillés à ce stade. Le calme régnait hier à Blantyre, où une forte présence policière était visible. Le centre de traitement des résultats était entouré d'un important dispositif de sécurité. Le Parti du peuple (PP) de Mme Banda s'était félicité de l'annonce de la commission électorale de reprendre à zéro le décompte des votes de certains bureaux. «Nous sommes vengés!», avait réagi Ken Msonda, un porte-parole du parti de Mme Banda. «Les Malawites vont enfin connaître la vérité maintenant. Nous savons depuis le début que nous avons gagné les élections, c'est pourquoi nous insistons. Il y a beaucoup de problèmes, d'irrégularités et d'incohérences dans le processus de comptage qui doivent être résolus». «Les résultats comptés jusqu'à présent reflète la réalité sur le terrain», avait rétorqué Nicholas Dausi, un porte-parole du DPP de M. Mutharika, appelant la présidente à utiliser ses recours une fois que les résultats seraient parus. Au pouvoir depuis 2012, Mme Banda, 64 ans, jouait sa survie politique dans cette élection. Des résultats partiels ont donné la victoire à Peter Mutharika, 74 ans, ancien ministre des Affaires étrangères qui avait intrigué, au décès de son frère Bingu wa Mutharika en avril 2012, pour écarter du pouvoir Mme Banda, alors vice-présidente. L'ONU a appelé samedi au calme et au respect des résultats.