Des connaisseurs du domaine affirment que l'Etat n'a pas mis au point une politique cohérente pour développer l'artisanat. L'Assemblée populaire de wilaya de Tizi Ouzou a organisé une journée d'étude sur les métiers de l'artisanat parallèlement à tenue de la 6e édition du Salon national de l'artisanat qui se déroule depuis mardi dernier au jardin Mohand-Oulhadj de la même wilaya. Cette rencontre qui réunit les professionnels du domaine de l'artisanat, les responsables des centres de formation ainsi que les services et directions de wilayas s'inscrit dans la perspective de sortir le créneau du marasme et de chercher des solutions négociées aux multiples problèmes que vivent les artisans à travers la wilaya et tout le territoire national. En effet, la wilaya qui a selon les statistiques le plus grand nombre d'artisans évalué à 12.789 activant dans divers métiers essentiellement la bijouterie, la vannerie, la poterie et la couture traditionnelle et plein d'autres métiers. Mais aujourd'hui, force est de reconnaître que la majeure partie de ces artisans survivent avec les moyens du bord en attendant la disparition de leur métier. Beaucoup ont en effet tenu à exprimer, hier, lors de notre tournée à travers les stands, leurs lassitude et découragement face aux problèmes. Tout d'abord, c'est la bijouterie qui a retenu l'attention de beaucoup de visiteurs. Mais ses attraits cachent de réelles menaces de disparition dans les toutes prochaines années si l'Etat n'intervient pas. Selon beaucoup d'artisants, le métier de la bijouterie de Kabylie s'estompe et se rétrécit comme une peau de chagrin. Chagrin qui apparaît d'ailleurs dans les propos des concernés. En fait, le danger qui guette ce métier ancestral vient de loin. La maffia du corail qui sévit sur le littoral algérien ne nuit pas uniquement à cette espèce marine, mais à des milliers de familles qui vivent de la bijouterie. Cette matière nécessaire pour les artisans est quasiment introuvable actuellement sur le marché «Et quand on la trouve, elle est cédée à des prix invraisemblables» estime un bijoutier de Tizi Ouzou. Sur un autre volet, les pouvoirs publics fournissent des efforts colossaux pour la promotion de l'artisanat par divers moyens. La multiplication des salons et les facilités administratives et plein d'autres formules ne sont cependant pas suffisantes pour redonner vie à ce secteur. Des connaisseurs du domaine affirment que l'Etat n'a pas mis au point une politique cohérente pour développer l'artisanat. Beaucoup de paramètres objectifs manquent à l'équation. L'artisanat étant composé de métiers à la croisée entre la culture et l'économique, les professionnels estiment que l'essentiel du marché de ce dernier se trouve dans le tourisme. Seul le développement du secteur du tourisme peut être salvateur à l'artisanat. C'est une loi universelle. Les artisans vendent à des étrangers de tous les pays du monde. Le marché local n'est pas à exclure à l'évidence, mais il n'est pas à même de faire vivre les métiers. C'est en ce sens justement que la ministre déléguée chargée de l'Artisanat, Aïcha Tagabou a fait savoir que les pouvoirs publics comptent développer la culture de l'utilisation des produits artisanaux par les familles algériennes.