Une femme brave et respectueuse s'en va Elle a été la première artiste maghrébine à obtenir un Disque d'or au début des années 1970. Elle a chanté en arabe, en kabyle et en français. La célèbre chanteuse Noura est décédé hier, vers 4h du matin dans un hôpital parisien à l'âge de 72 ans. Elle sera rapatriée dans trois jours et enterrée au cimetière de Sidi Yahia à Alger. Souffrant d'une longue maladie qui l'a poussée à suivre un traitement vigoureux depuis des années entre Alger et Paris, l'un des souvenirs inoubliables que l'on peut évoquer, c'est l'hommage qui lui a été rendu le jeudi 1er avril 2012 par Khalida Toumi, l'ex-ministre de la Culture à la salle Ibn Zeydoun à Ryadh el Feth à Alger. Son déplacement sur un fauteuil roulant afin de répondre à cet hommage, a vu la présence de nombreux artistes de renommée, à commencer par Lounis Aït Menguellet et tant d'autres qui sont venus pour lui rendre également un vibrant hommage durant cette fête. La salle Ibn Zeydoune était archicomble et malgré son état de santé, le sourire et l'accueil qu'elle avait réservés à tous ceux et celles qui l'ont approchée à la loge de la salle de spectacle, revenaient sans cesse dans les discussions de la grande famille artistique qui l'avait connue de près ou de loin. Son époux, Kamel Hamadi, a déclaré le coeur très peiné au sujet de l'inhumation de sa femme que «Noura sera enterrée dans son pays natal, afin d'exaucer son dernier voeu et elle sera parmi les siens au cimetière de Sidi Yahia sur les hauteurs d'Alger», a-t-il précisé. La date exacte du rapatriement du corps, les formalités y afférentes ne pouvant être effectuées un dimanche, jour de repos hebdomadaire en France, a-t-il expliqué. Kamel Hamadi, auteur-compositeur qui n'est plus à présenter, a partagé plus de 55 ans de sa vie avec sa femme qu'il a accompagnée dans sa carrière artistique dans les moments de joie et de peine depuis ses débuts dans les années 1950. Kamel Hamadi a révélé dans une de ses rencontres avec la presse nationale que «Noura a appris le kabyle très rapidement avant de commencer à éditer des tubes entiers en kabyle qui lui ont valu un grand respect et admiration à tous les niveaux et sur tous les plans, au point de devenir un exemple pour les chanteurs et les artistes qui s'expriment dans les deux langues algérienne, le kabyle et l'arabe». L'auteur-compositeur Kamel Hamadi, dira: Voix mélodieuse et digne d'une ambassadrice d'un pays qu'elle chérissait plus que tout. C'est avec moi qu'elle avait débuté sa carrière d'artiste et elle a dignement honoré son pays» a affirmé Kamel Hamadi qui a ajouté qu'il gardera de sa femme, «l'image d'une femme brave et respectueuse», dit-il, même si elle ne parlait pas parfaitement ma langue «kabyle», elle a toujours eu du respect pour ma propre famille qui lui rendait bien des hommages au même titre que les fans». Noura, de son vrai nom Fatima Badji, née en 1942 à Cherchell a découvert le monde de la chanson sur les ondes d'un poste de radio offert par son père. Elle anime sur ces mêmes ondes, quelques années plus tard, des émissions enfantines à travers lesquelles le chanteur Lamari Maâmar, la découvre et la fait découvrir au public. Elle devient peu à peu, pour les générations post-indépendance, l'étoile montante de la chanson de variétés sous la houlette d'artistes aussi fameux que Mohamed El-Jamoussi, Mahboub Bati et Mustapha Skandrani. Son répertoire, composé de 500 titres est notamment constitué d'interprétations de chants dérivés du patrimoine de toutes les régions du pays sous la férule du parolier-compositeur-arrangeur Kamel Hamadi. Ahmed Ouahbi a composé à son intention des chansons en style «oranais». Noura a également interprété en 1965 des chansons en langue française dont «Vie» de Michel Berger. La chanteuse a connu un grand succès avec son interprétation de «Ana el-ouarka el miskina» de Mustapha Kechkoul sur une musique de Skandrani. Devenue une idole dans les familles algériennes elle obtient avec Slimane Azzem en 1971, le Disque d'or chez Pathé Marconi. Elle a également obtenu une haute distinction du président de la République tunisienne «El-Wissam Al-Thakafi» en 1974. En 1975, Noura est consacrée «Etoile du festival libyen de la chanson arabe». Pour tous ceux qui l'ont aimée, Noura restera l'inoubliable interprète de «Ya Rabbi Sidi», «Ya Bent El-Houma», «Ya Tayara», «Amirouche» et «Idhourar Djurdjura Azizen» entre autres.