Le monde artistique algérien en deuil salue l'immense contribution à la chanson algérienne de la chanteuse Noura, décédée dimanche matin à Paris à l'âge de 72 ans après un long combat mené contre la maladie. Le comédien Saïd Hilmi, son partenaire au théâtre radiophonique d'expression kabyle, a exprimé sa profonde tristesse suite à la disparition de "cette grande artiste algérienne qui n'a pu se réaliser qu'après un laborieux parcours". Youcef Ouznadji, chanteur de chaâbi, a souligné la place irremplaçable qui fut la sienne dans le domaine de la chanson algérienne contemporaine. Noura, de son vrai nom Fatima Badji, née en 1942 à Cherchell a découvert le monde de la chanson sur les ondes d'un poste de radio offert par son père. Elle anime sur ces mêmes ondes, quelques années plus tard, des émissions enfantines à travers lesquelles le chanteur Lamari Maâmar, la découvre et la fait découvrir au public. Elle devient peu à peu, pour les générations post-indépendance, l'étoile montante de la chanson de variété sous la houlette d'artistes aussi fameux que Mohamed El-jamoussi, Mahboub Bati et Mustapha Skandrani. Son répertoire, composé de 500 titres est notamment constitué d'interprétations de chants dérivés du patrimoine de toutes les régions du pays sous la férule du parolier-compositeur-arrangeur Kamel Hamadi. Ahmed Ouahbi a composé à son intention des chansons en style "oranais". Noura a également interprété en 1965 des chansons en langue française dont "Vie" de Michel Berger. La chanteuse a connu un grand succès avec son interprétation de "Ana el-ouarka el miskina" de Mustapha Kechkoul sur une musique de Skandrani. Devenue une idole dans les familles algériennes elle obtient avec Slimane Azzem en 1971, le disque d'or Chez Pathé Marconi. Elle a également obtenu une haute distinction du président de la République tunisienne "El-Wissam Al-Thakafi" en 1974. En 1975, Noura est consacrée "Etoile du festival libyen de la chanson arabe". Un hommage lui a été rendu, il y a quelques mois par le ministère de la Culture à Alger. Pour tous ceux qui l'ont aimée, Noura restera l'inoubliable interprète de "Ya Rabbi Sidi", "Ya Bent El-Houma", "Ya Tayara", "Amirouche" et "Idhourar Djurdjura Azizen" entre autres. Noura sera inhumée au cimetière de Sidi-Yahia d'Alger.