Signes avant-coureurs. L'ONS (Office national des statistiques) a publié, hier, une enquête sur l'approvisionnement des commerçants (grossistes et détaillants). Il y a ceux qui se plaignent (les plus nombreux) et ceux qui se taisent (une minorité). Chiffres à l'appui, l'ONS affirme que plus de 50% des grossistes et 28% des détaillants déclarent avoir souffert des ruptures de stocks au cours du 4ème trimestre 2013. Les secteurs les plus touchés ont été ceux des «combustibles lubrifiants», des «DQAEMP» (cela ne s'invente pas), c'est-à-dire des produits de droguerie, quincaillerie, appareils électroménagers et parfumerie. Le secteur privé approvisionnerait 50% des grossistes et la majorité des détaillants en «textiles, habillements et cuirs» ainsi que des «machines et matériel équipement». 50% des grossistes se seraient approvisionnés auprès des secteurs publics et privés à la fois, notamment en «produits agroalimentaires, en produits DQAEMP et les combustibles et lubrifiants». L'ONS ne dit pas où se sont approvisionnés les autres 50% de grossistes. Ailleurs que le public et le privé, mais où? L'informel? Peut-être, mais l'ONS n'ose pas prononcer le mot. C'est tabou. On continue sur les prix. 30% des grossistes et 10% des détaillants les trouvent élevés. 5% des grossistes les considèrent, au contraire, moins élevés (par rapport à quel référent?). C'est passionnant, on continue, 25% des grossistes et 10% des détaillants ont acheté leurs produits en «première main». On est dans la minorité de la minorité. Et pour les autres, c'est combien de «mains»? L'ONS n'en dit rien. On arrête avec ces chiffres sinon les neurones les plus résistants risquent de «cramer». Alors que tout au long de l'enquête publiée, c'est le mauvais approvisionnement des grossistes et des détaillants qui est mis en avant, la «chute» est succulente. On vous la livre in extenso: «Les grossistes prévoient une hausse de leur activité durant l'année en cours avec une hausse des prix de vente au moment où les détaillants s'attendent à une baisse de l'activité, néanmoins, la majorité des détaillants ne s'est pas prononcée sur leur prix de vente pour les prochains mois.» Cette différence de prévision est aussi indéchiffrable que l'ensemble de l'approvisionnement du marché dont il est question et des statistiques qui s'en réclament. C'est à se demander quel est le but d'une telle publication, puisque les «sondés» ne représentent, au mieux, que 50% des intervenants. L'autre moitié étant «en immersion» dans l'informel. Deux raisons apparaissent. La première est «existentielle». L'ONS existe et fait le travail qui est le sien. Qu'il serve ou pas, c'est une autre question. L'autre raison est de préparer les consommateurs que nous sommes à la valse des prix pour le «torride» mois de Ramadhan qui n'est plus très loin. Comme chaque année, direz-vous. Oui, mais cette fois nous sommes avertis. L'ONS a fait son travail. Elle a publié son «BMS». Trêve de plaisanteries, on ne peut pas parler de commerce quand la moitié des transactions se fait au marché noir. C'est la seule chose véridique et tacitement reconnue par la publication de l'ONS. Les deux grandes victimes de cette situation sont les producteurs et les consommateurs. Accessoirement aussi le fisc. Au milieu, toute une faune se frotte les mains toute l'année et plus encore au cours du mois sacré du jeûne et de piété. Un mois aussi où les yeux sont plus gros que le ventre. Un mois où les consommateurs engraissent les commerçants (patentés ou non) pour remplir les poubelles. Un mois de folles dépenses, de gaspillage et de nerfs à fleur de peau. Un mois où la ferveur et la foi ne reprennent le dessus que la nuit tombée. Après le f'tour. Ceci pour dire aux gens de l'ONS de ne pas y rajouter en nous «vendant» des statistiques frelatées. Et qui ne servent à rien!