Cette initiative correspond au souhait de la Russie émis début juin dans un projet de résolution à l'ONU alors que des ONG dénoncent l'utilisation d'armes lourdes par l'armée ukrainienne dans des zones habitées. Le président ukrainien Petro Porochenko a ordonné hier la création de couloirs humanitaires demandés par Moscou pour permettre aux civils de quitter les zones de combats dans l'Est, où l'armée ukrainienne mène une opération contre l'insurrection russophone. Sur le front gazier, l'Ukraine et la Russie se sont séparées dans la nuit de lundi à mardi sans être parvenues à un accord. Mais les pourparlers devaient reprendre hier soir ou aujourd'hui, a annoncé le commissaire européen à l'Energie Gunther Oettinger, qui joue les médiateurs, semblant repousser la menace d'une coupure du gaz russe à Kiev redoutée par l'Europe. Quelque 15% du gaz consommé sur le Vieux continent transite via l'Ukraine. Engagé depuis dimanche dans des pourparlers avec la Russie avec la médiation de l'OSCE en vue d'une désescalade dans le pire conflit depuis la fin de la guerre froide, M.Porochenko a ordonné la création des couloirs humanitaires permettant aux civils désireux de partir de quitter «la zone de l'opération anti-terroriste afin d'éviter de nouvelles victimes». Le nouveau président ukrainien a chargé le gouvernement d'organiser les transports, l'alimentation et les soins médicaux pour ces personnes et les administrations locales de loger les déplacés. Les forces ukrainiennes mènent depuis le 13 avril une opération militaire pour mater l'insurrection russophone dans l'Est et les combats ont déjà fait plus de 200 morts: rebelles, soldats et civils. Sur le terrain, deux soldats ukrainiens ont été blessés par des tirs séparatistes près de Slaviansk, bastion des insurgés, a annoncé mardi Vladislav Seleznev, le porte-parole de l'opération militaire ukrainienne. Il a également fait état de tirs au mortier des insurgés près de Kramatorsk, non loin de Slaviansk, ainsi que de tirs contre les militaires ukrainiens qui contrôlent l'aéroport international de Lougansk, chef-lieu de la région séparatiste voisine. Quatre jours après son bref entretien avec Vladimir Poutine en France qui a créé un espoir de désescalade, le nouveau président Petro Porochenko semble vouloir rapidement apaiser les relations avec Moscou et s'est donné une semaine pour obtenir un retour au calme dans l'Est. Il a ouvert dès dimanche des négociations à Kiev, pour la première fois depuis la chute fin février de son prédécesseur Viktor Ianoukovitch et le rattachement en mars de la Crimée à la Russie, à l'issue d'un référendum jugé illégal par la communauté internationale. Ces discussions à huis clos entre l'ambassadeur de Russie Mikhaïl Zourabov et l'ambassadeur d'Ukraine en Allemagne Pavlo Klimkine, en présence d'une représentante de l'OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe), doivent se dérouler quotidiennement le temps qu'une solution soit trouvée. L'ONG Human Rights Watch a mis en garde les autorités ukrainiennes contre l'usage de «mortiers et autres armes lourdes dans les zones habitées», les appelant à «revoir» des opérations en cours notamment autour de Slaviansk. «Les agissements criminels des insurgés ne dégagent pas les forces ukrainiennes de leur obligation de se comporter en conformité avec les lois internationales», souligne HRW dans une lettre adressée à M.Porochenko.