Il fut l'un de ces enfants terribles du mot et de la note musicale. Aujourd'hui, il nous semble qu'il a commencé à chanter avant d'apprendre à parler. Mais personne ne prêtait attention à cela. Qui ne chante pas sur les rives sauvages de la Méditerranée? Hammidouche est de cette jeune génération d'artistes que la mort a ravi à ses fans en juin 2002. Avec sa guitare sèche et surtout sa voix languissante et chaude, le jeune du village d'Attouche (près de Tigzirt) a vite conquis les coeurs de cette jeunesse assoiffée de mots d'amour. Hammidouche a pu exprimer ces «maux» que ressent le coeur. Il chantait avec ces jeunes et moins jeunes dans cette petite localité où vivait sa famille. Il a réussi à franchir le pas de sa maison douillette. Avec le temps, la puissante voix de Hammidouche, avec son fausset un peu rauque, commença à retentir en solo sur les ondes des radios. La suite passa comme un rêve. Les chansons enregistrées et les galas organisés lui rapportèrent des honoraires conséquents, la célébrité et ce, tout en bouleversant sa vie. Puis... tout le monde parlait de cette «nouveauté» de cette étoile où le verbe resta incisif et ciselé. De succès en succès, Hammidouche, si tranquille et si timide «à la maison» devient méconnaissable sur scène, tant il y avait en lui de «coquetterie» et «d'espièglerie». Il chantait et dansait sur des rythmes «disco». Ce jeune amoureux de la rime fut le favori du public et il a tout compris et constaté que le chemin conduisant les idoles de la chanson à la popularité était plus parsemé d'épines que de roses. Il a eu des moments bien amers, notre jeune Hammidouche, à ses débuts, quand il fallait chanter devant des salles à moitié vides ou quitter la scène applaudi du bout des doigts. Vite il comprit que l'éclat d'une «vedette» d'une «star» dépendait pour beaucoup de la mise en scène, des effets de lumière et de son, des costumes. Mais, cela venait en second, ce qui venait en premier... «pour retenir l'intérêt du public, il faut des nerfs solides et un travail quotidien infernal», dira un jour Hammidouche. Combien de ces jeunes artistes ont facilement pris leur envol, mais n'ont pas tenu dans les airs ! Bien sûr «la chance peut vous sourire soudain et on vous remarque». Mais, «après, il faut travailler dur», avait indiqué, il y a longtemps Hammidouche, qui a poursuivi son idée «quand on apparaît trop souvent avec un même répertoire, même si le public l'a apprécié, on commence à l'ennuyer et on cesse d'être entendu». Longtemps, la peur le hantait. Non pas qu'il a peur du public, mais du «retour d'écoute». Hammidouche a vite compris qu'il lui fallait sortir de ce carcan de la chansonnette d'amour teintée d'amertume et de tristesse, des monologues sur la déception et surtout, de la nécessité pour chacun de ne jamais se décourager. Il a attendu son heure de gloire et il a monté encore une marche. Celui qui a brillé par sa poésie pesée, par son dynamisme et sa voix aux notes particulières, nous a quittés il y a deux années. Cette maladie - disons cette double maladie: la musique et ce cancer incurable - a eu raison de ce jeune. Son oeuvre restera éternelle. Repose en paix Hammidouche. On se souviendra toujours de ta voix.