Le siège du FFS Habitué à tout organiser à sa convenance, quitte à le faire avec lui-même, le pouvoir donne l'impression d'être réceptif cette fois-ci. Le fait est rare. On ne l'a pas vu depuis des décennies. Mais il s'est produit avant-hier lors de la conférence de presse du ministre d'Etat, directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia: le pouvoir fait savoir qu'il n'est pas contre la démarche d'un parti de l'opposition. «Le pouvoir n'est pas contre la conférence du consensus national que prépare le FFS (...) les partis politiques, les acteurs de la société civile et les personnalités pro-pouvoir ont toute la latitude de participer ou non à cette rencontre», a déclaré M.Ouyahia. C'est une première dans l'évolution du discours des représentants du système politique. Le pouvoir habitué à tout organiser à sa convenance, quitte à le faire avec lui-même, avant d'imposer ses choix à la société, donne l'impression d'être réceptif cette fois-ci. Pourquoi? Boudé par les partis de l'opposition dans le cadre des consultations sur la révision de la Constitution, le pouvoir exploite à son profit la participation du FFS à son projet. Ahmed Ouyahia s'en est d'ailleurs félicité même s'il reconnaît que le FFS n'était pas venu cautionner la démarche du pouvoir ni lui donner du crédit. Donc ne pas être contre la démarche du FFS (il n'est pas forcément pour) est l'une des voies qui mènent à sauver les apparences. Y a-t-il une arrière-pensée politique derrière l'affirmation de Ouyahia? Le pouvoir veut-il diviser l'opposition en jetant au même moment des fleurs au FFS et des lauriers aux autres partis surtout après la réussite de la conférence pour la transition démocratique? Alors évolution dans le sens de la démocratie ou nouvelle tentative de semer la zizanie dans les rangs de l'opposition dont les objectifs sont presque les mêmes, à savoir le changement pacifique? Cela étant, il est à observer que M. Ouyahia n'a pas dit si le pouvoir répondra favorablement à l'invitation du FFS pour prendre part à la conférence sur le consensus national ou pas. Il s'est juste contenté de dire que le pouvoir n'est pas contre cette conférence. Quant au FFS, il a honoré l'invitation du pouvoir pour participer aux consultations sur la révision constitutionnelle. Il n'a pas pour autant signifié s'il était pour ou contre les consultations. Il s'est contenté d'expliquer qu'il ne participe pas pour cautionner le projet du système ni pour faire des propositions sur la révision constitutionnelle. C'est beaucoup plus «la volonté de dialogue» et «l'objectif de réaliser un consensus national» qui ont poussé le FFS à y prendre part. Dans sa déclaration du 17 juin, le parti a estimé que le pays n'a pas besoin d'une révision de la Constitution. Il a rassuré que le changement pacifique du système recherché ne se fera pas contre le système mais avec lui. D'ailleurs, le système est invité par le FFS à participer à la conférence du consensus national à travers ses représentants dans les partis politiques et les organisations gouvernementales, au côté des autres acteurs politiques de l'opposition et de la société civile. «Cette participation (du système) s'entend à la fois sur le plan de l'organisation, de la définition des objectifs, de l'élaboration du programme et de l'esquisse des résultats escomptés», lit-on dans la même déclaration. La question qui reste posée: au-delà de la déclaration de Ouyahia, le système dépêchera-t-il ses représentants pour participer à la conférence du FFS ne serait-ce que par la «volonté de dialogue», cette raison qui a le pouvoir de justifier et de camoufler les contradictions?