Le Front des forces socialistes (FFS) refuse d'émettre des propositions sur le projet de révision constitutionnelle. Son premier secrétaire, Ahmed Betatache, affirme que son parti n'apporte pas sa caution à ce processus. Et cela, malgré son déplacement, hier, à El Mouradia pour y rencontrer le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia. «Nous souhaitons que notre démarche ne soit pas interprétée comme une caution au processus de révision constitutionnelle engagé, ayant exprimé dès le départ que l'élaboration et l'adoption de la Constitution doivent émaner du peuple et de ses représentants légitimes, que toute approche dans ce domaine doit être concertée au préalable avec les acteurs politiques et ceux de la société civile pour espérer réaliser un consensus et que la rédaction d'une nouvelle Constitution devrait intervenir non pas avant mais au terme de ces consultations», explique le FFS dans une déclaration rendue publique. Refusant également de porter ses jugements sur la mouture initiale de la nouvelle Constitution élaborée par la commission présidée par Azzouz Kardoune, le parti de Hocine Aït Ahmed précise qu'il n'apporte pas sa contribution à ce projet. «Nous ne sommes pas non plus porteurs de proposition d'amendement car le parti est persuadé que ce texte ne répond qu'à un souci de gouvernance du régime à court terme, mais ne règle pas au fond la crise multidimensionnelle à la fois politique, économique, sociale, culturelle, voire morale, qui accable le pays», indique encore le FFS. «Nous sommes venus rassurer le système» Selon la direction de ce parti, «une Constitution qui ne prend en compte que les intérêts du pouvoir n'aura pas le consensus nécessaire à sa stabilité». «Toute Constitution devrait refléter un consensus aussi large de la population. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui», tranche encore le parti.Ce faisant, les responsables du FFS livrent, à nouveau, les raisons pour lesquelles ils ont répondu favorablement à l'invitation d'Ahmed Ouyahia. Ils parlent d'abord de la volonté de dialogue «faisant partie des valeurs fondatrice du parti». La seconde raison concerne, selon la même déclaration, l'objectif de réaliser un consensus national entre les acteurs politiques du pouvoir, de l'opposition et de la société civile. «Notre conviction est que la reconstruction de ce consensus national est possible aujourd'hui, pour peu que l'on crée un climat de confiance, que l'on laisse tomber les préjugés et que l'on fasse preuve de volonté politique», estiment encore les responsables du parti. La direction du FFS évoque aussi «le devoir patriotique d'alerter le pouvoir sur les dangers que court le pays» et «la fidélité au juste combat historique de Hocine Aït Ahmed qui rêve de la construction d'une Algérie libre et démocratique». Après un rappel de la situation sociale, économique et politique du pays ainsi que la participation du parti à la première Conférence nationale pour la transition démocratique, le FFS explicite encore davantage le contour de son initiative «de construire un consensus national». «Nous sommes en même temps venus pour rassurer le système que notre souhait de reconstruire un consensus national pour le changer pacifiquement ne vise pas à porter atteinte à l'administration nationale et locale, qui œuvre dans sa grande majorité à servir dignement et honnêtement notre Etat à tous, mais au contraire à la consolider en l'adaptant à un environnement national, régional et international en mutation profonde et rapide», soutient le FFS, invitant ainsi Ahmed Ouyahia à prendre part à la conférence de consensus national. «N'ayez donc pas peur du changement, il ne sera pas fait contre vous mais avec vous. Il n'y aura ni atteinte aux biens et à la sécurité des personnes ni règlements de comptes. Ce changement du système n'a pas besoin d'une révision de la Constitution pour en discuter et fixer le contenu et les étapes avant de traduire les changements convenus dans une nouvelle Constitution», ajoute-t-on également dans cette déclaration.