Ahmed Ouyahia clôt, aujourd'hui, sa troisième et dernière semaine de consultations «politiques» pour la révision de la Constitution. Le directeur du cabinet de la présidence de la République, qui animera demain une conférence de presse, aura ainsi fait le tour de ce que compte le pouvoir comme partis politiques et personnalités. Comme il fallait s'y attendre, le siège de la Présidence n'a pas vu défiler les partis de l'opposition et les personnalités les plus visibles de la scène politique ; ni Mouloud Hamrouche, ni Ali Benflis, ni Sid Ahmed Ghozali, ni Ahmed Benbitour, ni Khaled Nezzar n'ont répondu à son invitation. Toutes ces personnalités, qui ont pourtant servi le système à un moment de leur vie, ont expliqué que les conciliabules que Bouteflika – toujours affaibli physiquement – a sous-traités, n'ont aucune valeur politique. Certains considèrent que la révision de la Constitution n'est pas le remède qu'il faut pour une Algérie qui «a besoin de réformes profondes». Ces personnalités ont exprimé, de manière publique, leur refus de participer à une œuvre qui «fausse la donne». Les partis de l'opposition n'ont pas non plus pris le chemin d'El Mouradia. Tous ceux refusant de s'inscrire «dans la démarche du pouvoir» ont décliné l'invitation envoyée par Ahmed Ouyahia. Les partis qui ont boycotté l'élection présidentielle, regroupés par la suite en Coordination pour les libertés et une transition démocratique (CLTD), ont fait bloc pour proposer une alternative à la démarche du pouvoir en place. Au lieu de s'inscrire dans la logique de la «révision de la Constitution», ils proposent une «transition pacifique» qui mènera le pays vers une sortie de crise. Seul «grand parti» à avoir accepté de rencontrer Ahmed Ouyahia, le FFS tente de minimiser la portée de son geste. Il participe à une conférence de l'opposition et se rend chez Ahmed Ouyahia, même s'il «ne veut pas cautionner» la démarche du pouvoir.Une autre formation politique, le Parti liberté et justice (PLJ), créé dans le sillage des réformes de 2012, est assis entre deux chaises. Le PLJ de Belaïd Mohand Oussaïd a effectué la même démarche que le FFS en assistant en même temps à la conférence de l'opposition et aux consultations d'Ouyahia. Pour donner un gage de «consensus» à sa démarche, le pouvoir s'appuie sur ses traditionnels soutiens. Il va ans doute que des partis comme le FLN, le RND, le TAJ ou encore le MPA se précipitent chez leur partenaire, qui n'est même pas sûr de retenir leurs propositions. Ces partis assistent à toutes les consultations, quitte à se faire déjuger par le pouvoir. C'est le cas du FLN qui propose sans cesse l'introduction d'un article dans la Constitution portantsur la désignation d'un Premier ministre parmi la majorité parlementaire. Deces consultations, des images plutôt amusantes subsistent. C'est le cas de ce petit parti qui demande «la mise du FLN au musée» ou encore quand l'ancien ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, propose «une vraie séparation des pouvoirs». Des images d'un pouvoir qui dialogue avec lui-même.