Le marché pétrolier vit au rythme de la guerre en Irak Si les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant venaient à conquérir les champs pétrolifères du sud de l'Irak, ils mettraient la main sur plus de 10% des réserves prouvées d'or noir au niveau mondial. L'Irak vacille. Les prix du pétrole tanguent. Le marché pétrolier est sur le qui-vive mais il ne s'enflamme pas pour le moment. Même s'il a enregistré des gains significatifs après avoir atteint son plus haut niveau depuis le mois de septembre 2013, 115,71 USD le 19 juin, le Brent a demandé à souffler légèrement. Vendredi vers 16h00 GMT (17h00 à Alger), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août valait 114,66 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres avant de clôturer la séance à 114,81 dollars. Soit une baisse de 25 cents par rapport à la clôture de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de Light Sweet Crude (WTI) pour livraison en juillet, dont c'est le dernier jour de cotation, a grappillé 83 cents. Il a terminé à 107,26 dollars, son niveau le plus élevé en clôture depuis le 18 septembre 2013. Un gain qui s'expliquerait par la décision du président des Etats-Unis, Barack Obama, qui a annoncé jeudi dernier l'envoi de conseillers militaires en Irak pour appuyer ses forces de sécurité déroutées face à l'avancée implacable des combattants de l'Eiil (Etat Islamique en Irak et au Levant). Résultat: «Les prix du brut se détendaient un peu (vendredi) matin, après que les Etats-Unis ont décidé de commencer à aider le gouvernement irakien», a fait remarquer David White, analyste chez Spreadex. Le léger repli du Brent de la mer du Nord s'expliquerait quant à lui par le manque de «lisibilité» qui entoure le conflit irakien. Particulièrement la menace que font peser les rebelles islamistes sur les plus importants champs pétrolifères du pays. Le 19 juin «le Brent a ouvert en hausse, soutenu par les avancées des militants islamistes en Irak», notait Dorian Lucas, analyste pour le cabinet spécialisé dans l'énergie Inenco. Après avoir pris le contrôle de Fallouja, de secteurs de Ramadi, à l'ouest de Baghdad, de Mossoul et de sa province, de secteurs des provinces de Kirkouk et de Salaheddine ils se sont emparés de la ville de Dhoulouiya, à 90 km au nord de Baghdad pour faire cap sur la raffinerie de Baïji, à 200 km au nord de la capitale irakienne. Le baril va-t-il tomber dans la corbeille islamiste? «Tandis que la production pétrolière (principalement située dans le sud du pays) n'est apparemment pas affectée pour l'instant, les insurgés contrôlent maintenant la raffinerie de Baïji, forçant l'Irak à importer des produits pétroliers», signalaient les analystes du courtier PVM. Un vent de panique s'est emparé des compagnies pétrolières internationales. Elles «ont commencé à évacuer du personnel. Il y a de claires inquiétudes que des interruptions significatives de production sont proches», estimaient-ils. «La situation en Irak sera surveillée de près par des investisseurs anxieux et n'importe quelle perturbation pourrait faire grimper le Brent au-dessus des 115 dollars le baril, un niveau atteint pour la dernière fois début septembre» 2013, indiquait Kash Kamal, analyste chez Sucden. Il n'est pas exclu «qu'on assiste rapidement à une raréfaction de l'offre en provenance de la région au fur à mesure que les insurgés conquièrent les champs pétrolifères du sud du pays» prévient Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque. Quelles en seraient les conséquences? «Dans ce scénario catastrophe, ce serait quasiment 11% des réserves prouvées de pétrole au niveau mondial qui passeraient sous le contrôle des islamistes» affirme-t-il. Une arme de destruction massive qui ferait exploser le marché pétrolier et bouleverserait la donne géopolitique au Moyen-Orient...