Les cours du pétrole coté à New York ont fini la séance en hausse avant-hier après une ouverture dans le rouge, dans le sillage de l'envolée des prix du Brent londonien dopé par la détérioration de la situation en Irak. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet s'est apprécié de 46 cents, à 106,43 dollars, sur le New York Mercantile Exchange(Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a fini à 115,06 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 80 cents. Il s'est ainsi hissé à un nouveau plus haut en clôture depuis le 6 septembre 2013. Après une ouverture de la séance en baisse sur le marché américain, "les cours sont repartis en hausse, tirés par la hausse du baril de Brent, dans le contexte très tendu pour l'offre existant en Irak et en Ukraine", a remarqué Phil Flynn, de Price Futures Group. En Irak, l'armée a affirmé jeudi avoir repris le contrôle total de la principale raffinerie du pays à Baïji (200 km au nord de Bagdad) après plus de 24 heures de combats contre les assaillants qui voulaient s'en emparer, selon des responsables et des témoins. Il s'agit d'un rare succès des forces armées après leur déroute totale aux premiers jours de l'offensive lancée le 9 juin par les insurgés menés par les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui ont réussi à prendre de larges parties de quatre provinces et sont désormais à une centaine de kilomètres de Bagdad. Cependant, incapables d'enrayer seules l'avancée des insurgés, les autorités irakiennes ont officiellement demandé aux Etats-Unis de mener des frappes aériennes, deux ans et demi après le retrait de leurs troupes d'Irak après un lourd engagement de huit ans. En outre, "s'il apparait que la production de brut irakienne n'a pas été affectée pour l'instant" par la crise, "de nombreuses compagnies pétrolières internationales" ont "évacué leur personnel non-irakien sur le terrain par mesure de précaution", a précisé Sarah Haggas, spécialiste des questions énergétiques chez IHS Energy. "Et, il n'y a pas que l'Irak", a remarqué M. Flynn, précisant que "l'Ukraine faisait toujours face à la coupure du gaz imposée par la Russie, ce qui devrait doper la demande en Brent comme produit énergétique de substitution". La Russie a coupé lundi le gaz à l'Ukraine après l'échec de leurs négociations sur le prix du gaz russe fourni à l'Ukraine et le remboursement de la dette accumulée par Kiev. La hausse des prix du WTI a toutefois été limitée par "des fondamentaux spécifiquement américains relativement baissiers", a expliqué Matt Smith, de Schneider Electric. En effet, des chiffres du département américain de l'Energie, le DoE, sur les réserves de pétrole aux Etats-Unis au 13 juin, publiés mercredi, ont été interprétés comme des signes d'une demande plus fragile qu'attendu en brut du premier consommateur mondial d'or noir. Les stocks de brut ont enregistré un recul moins prononcé qu'attendu des stocks cette semaine-là, et les produits raffinés, en particulier les stocks d'essence, se sont accumulés davantage que prévu. Ces statistiques étaient jugées d'autant plus surprenantes que le pays est entré dans la saison des grands déplacements automobiles qui se traduit traditionnellement par une hausse de la demande en produits pétroliers. En Asie, les cours du pétrole s'affichaient en hausse dans les échanges matinaux après l'attaque d'une raffinerie par des djihadistes irakiens qui contrebalançait le recul des stocks de brut aux Etats-Unis. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet prenait 35 cents, à 106,32 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août s'adjugeait neuf cents, à 114,35 dollars. Le WTI a gagné plus de 2 dollars depuis le lancement de l'offensive djihadiste en Irak la semaine dernière et le Brent, plus sensible aux événements géopolitiques, a pris 4 dollars.