Des scènes d'horreur au quotidien Israël continuait hier de bombarder la bande de Ghaza, disant avoir réduit la puissance de feu du Hamas palestinien, alors que son armée intensifie ses préparatifs en vue d'une possible offensive terrestre. Des journalistes ont vu des dizaines de chars israéliens convoyés sur des colonnes de camions dans la nuit et la matinée vers la frontière avec l'enclave palestinienne, où sont concentrées de nombreuses troupes. Les frappes israéliennes et les tirs de roquettes vers Israël ont néanmoins baissé d'intensité ces dernières heures. A Ghaza, les rues étaient désertes, en dehors des processions funéraires qui se déroulaient sous une chaleur écrasante. Les raids aériens ont tué hier 21 Palestiniens, portant le bilan à au moins 126 morts et plus de 900 blessés, en majorité des civils, depuis le début de l'opération israélienne «Protective Edge» il y a cinq jours. Deux personnes ont notamment trouvé la mort dans un raid sur un centre d'accueil pour handicapés, selon le porte-parole des services d'urgences, Achraf al-Qoudra. Depuis vendredi minuit, neuf roquettes ont été lancées de l'enclave palestinienne en direction d'Israël, dont deux interceptées par le système de défense anti-aérien Iron Dome. Depuis le début des hostilités, environ 530 roquettes ont atteint Israël, et 140 ont été détruites en vol. Elles ont fait une dizaine de blessés mais aucun mort. Ce conflit est le plus meurtrier depuis l'opération «Pilier de Défense» en novembre 2012, qui avait déjà pour objectif de faire cesser les tirs de roquettes de Ghaza. Les hostilités avaient fait 177 morts palestiniens et six israéliens. La spirale de violences a été enclenchée après l'enlèvement et le meurtre de trois étudiants israéliens en Cisjordanie, attribués par Israël au Hamas, suivis de l'assassinat d'un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem par des extrémistes juifs. Les Etats-Unis sont à cet égard prêts à utiliser leurs réseaux au Moyen-Orient pour «essayer de parvenir à la fin des tirs de roquettes à partir de Ghaza», a expliqué la Maison-Blanche. Washington considère toujours le Hamas comme une «organisation terroriste». Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a appelé à un cessez-le-feu. Mais M.Netanyahu ne semble pas disposé à une trêve pour le moment. Au sol, les préparatifs en vue d'une possible invasion de l'enclave palestinienne se poursuivent, dans ce qui s'apparente aussi à une guerre psychologique. Plus de 30.000 réservistes sont sur le pied de guerre. «Nous préparons les prochaines étapes de l'opération, pour que les forces soient prêtes à entrer sur le terrain,» a déclaré samedi à la radio militaire le porte-parole de l'armée, le général Almoz Moti. Deux soldats israéliens ont été blessés vendredi par un missile antichar le long de la clôture de sécurité séparant Israël de la bande de Ghaza, illustrant les risques d'une opération terrestre. L'attaque israélienne contre Ghaza a déclenché des protestations des pays arabes. Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe doivent se rencontrer demain au Caire pour discuter de la détérioration de la situation dans l'enclave palestinienne. Mais l'Egypte, médiatrice lors des précédents conflits entre Israël et le Hamas, est davantage en retrait dans cette crise. Le Caire a affirmé vendredi dernier avoir déployé des efforts pour stopper la violence mais s'être heurtée à «l'entêtement» des protagonistes, appelant la communauté internationale à intervenir. Devant la dégradation des conditions humanitaires à Ghaza, 34 ONG internationales ont appelé à un cessez-le-feu et au respect des droits de l'homme dans ce territoire palestinien sous blocusisraélien.