De nombreux voyageurs, quand ils ne resquillent pas directement, évitent de faire composter leurs tickets Ce moyen de transport en commun qui devait être très rentable est loin d'atteindre, avec une fraude à grande échelle, les résultats attendus. Violence verbale contre les contrôleurs, incivisme, et autres désagréments vécus quotidiennement par les voyageurs, font que le tramway ne semble pas tenir ses promesses en matière de confort et de sécurité. En effet, et dès sa mise en service des rames, nombre de citoyens ont constaté des anomalies flagrantes qui accablent ce moyen de transport. Pis encore, et pas plus tard que l'année dernière, ce dernier fut l'objet d'attaques dignes de celles qui ciblaient les diligences dans le Far West américain. Ainsi, un certain jeudi du mois de mars 2013, des individus, munis d'armes blanches ont attaqué, aux environs de 21heures, le tramway d'Alger et ont procédé au racket des usagers. Les agresseurs étaient encagoulés et armés de sabres et de couteaux. Au mois de juillet de la même année, le tramway fut une nouvelle fois attaqué, à 1h du matin. Il était assailli par un groupe de jeunes aux visages cachés. Les agresseurs qui étaient munis d'armes blanches, après avoir causé plusieurs blessures aux passagers, se sont emparés d'un butin composé de portables et d'argent. Ces hauts faits de voyous ont d'ailleurs réussi à dissuader nombre d'honnêtes citoyens d'emprunter le tramway, du moins à des heures tardives. Aujourd'hui, une autre forme de délinquance sévit à bord. Il s'agit de la fraude. Plusieurs usagers s'ingénient pour ne pas payer le titre de transport. A la station des Fusillés (Ruisseau) les agents de contrôle sont présents en force. Au niveau des rames avant, ils scrutent les titres de voyages à l'entrée pour s'assurer de leur compostage, pourtant, de nombreux resquilleurs prennent place dans le tram. Ces fraudeurs se faufilent généralement par les portes arrières du tramway. Au niveau des autres stations, la plupart des usagers ne daignent même pas s'approcher des points de vente des tickets et se dirigent directement vers le quai pour attendre l'arrivée du tramway, donnant l'impression que cette prestation est gratuite. Mohamed, 20 ans, se déplace plusieurs fois par jour par tramway. «Ce n'est pas possible de payer à chaque fois 40 DA», lance-t-il. «Parfois», il m'arrive d'acheter un ticket que j'utilise plusieurs fois en essayant d'éviter les contrôleurs, confie-t-il. Et il n'est pas seul à recourir à une telle «ruse». De nombreux voyageurs, quand ils ne resquillent pas directement, évitent de faire composter leurs tickets qu'ils utilisent pour un autre déplacement. D'autres encore n'achètent pas leur ticket, non pas pour des raisons pécuniaires, mais plutôt par empressement et de crainte de rater le tram. L'exception ne fait pas la règle. D'autres usagers s'acquittent scrupuleusement de l'obligation d'achat du ticket. Djamila estime trop cher 40 DA à chaque déplacement pour deux stations, mais elle préfère payer plutôt que d'avoir affaire aux contrôleurs. Le directeur de la Setram Alger, Gregory Malet qui se réfère aux estimations des contrôleurs, avance un taux de 20% de resquilleurs. Ces actes d'incivisme coûtent cher à l'entreprise Setram. Avec près de 50.000 voyageurs par jour (1,8 million par mois) le tram qui devait être très rentable est loin d'atteindre, avec une fraude à grande échelle, les résultats attendus, soutient-il. Pour remédier à cette situation, le responsable a fait savoir que de nouveaux emplois seront créés prochainement par l'entreprise en prévision du recrutement d'agents de contrôle sur les lignes du tramway et au niveau de ses 33 stations. 210 agents sont prévus d'ici 2015, a-t-il ajouté. Des cycles de formation encadrés par des spécialistes français sont prévus au cours de cette semaine au profit des agents de contrôle dans le but de renforcer leurs capacités en la matière, a-t-il indiqué. S'agissant des agressions contre des agents de contrôle par des resquilleurs qui refusent de payer l'amende de 100 DA, le responsable a fait remarquer que deux à trois cas de ce genre d'incidents sont enregistrés par semaine, allant jusqu'à la violence physique. Les agents de contrôle sont chargés d'arrêter les contrevenants qui n'ont pas de ticket de transport et de les contraindre à payer une amende de 100 DA au lieu du prix initial fixé à 40 DA. Le même responsable a annoncé la mise en place prochaine d'une équipe d'intervention mobile activant au niveau des stations ayant pour mission le contrôle des tickets afin d'éviter toute confrontation avec les voyageurs. La société propose depuis mai dernier de nouvelles offres à ses clients. Il s'agit d'une nouvelle tarification de deux abonnements: Tawassol Juniors pour les jeunes de moins de 25 ans au prix de 990 DA/mois, soit une réduction de 34% et Tawassol Seniors pour les plus de 60 ans au prix de 830 DA, soit une réduction de 45%.