Chantiers démesurés, équipe nationale en berne: la Russie s'attelle à des problèmes similaires que ceux rencontrés lors des Jeux olympiques de Sotchi. Après les Jeux olympiques de Sotchi, les grands prix de Formule 1, Moscou s'attelle à sa Coupe du monde 2018. La Russie, qui se veut une nation organisatrice de grands événements sportifs, a pris le relais du Brésil, avec pour mission de «faire aussi bien» que Rio, ce qui ne sera pas chose aisée commentent les chaînes de télévision fédérale. Celles-ci ont diffusé l'intégralité de la compétition. C'est la première fois qu'un pays de l'Est produira une Coupe du monde de football, quatre ans avant le Qatar. «Maintenant, nous savons de quel type de défi il s'agit, d'organiser un événement d'une telle ampleur», a déclaré Vladimir Poutine, qui avait fait le déplacement à Rio lors de la finale. Après Sotchi, qui fut une jolie fête soigneusement huilée, mais qui avait coûté très cher, les problèmes sont connus à l'avance, et les recettes imaginées identiques. Un vice-Premier ministre dédié à l'organisation, Igor Chouvalov, remplacera un autre vice-Premier ministre, Dmitri Kozak, qui était en charge de Sotchi. Il devra superviser la construction intégrale de six nouveaux stades et la rénovation de six autres. A côté du grand complexe moscovite de Loujniki, prochainement doté de 81.000 places et qui avait déjà accueilli la finale de la Ligue des champions 2008, ou des inévitables stades de Saint-Pétersbourg et Ekaterinbourg, le comité d'organisation a choisi la variété, sans s'éloigner outre mesure de la capitale. Les joueurs se produiront notamment dans l'enclave de Kaliningrad, frontalière avec la Pologne, à Volgograd (autrefois Stalingrad, dans le sud du pays), à Rostov-sur-le-Don, aujourd'hui porte d'entrée des réfugiés ukrainiens fuyant la guerre du Donbass, ou à Saransk, la ville où Gérard Depardieu s'est officiellement déclaré résident russe. Pour doter ces régions d'infrastructures adaptées à une telle compétition internationale, le Kremlin prévoit officiellement un budget d'environ 14,7 milliards d'euros, financé pour moitié par l'Etat, pour l'autre moitié par des investisseurs privés, dont les éternels oligarques. Parmi eux, le magnat du gaz, Guennadi Timtchenko, un proche de Vladimir Poutine, visé par les sanctions américaines, s'occupera de Volgograd et Nijni Novgorod. Les constructions des enceintes de Kaliningrad et Rostov devraient être les plus problématiques, avec une explosion attendue de près de 30% des coûts, selon un haut fonctionnaire cité par le quotidien économique Vedomosti. Lors d'une récente réunion, le Premier ministre Dmitri Medvedev s'est inquiété de l'absence d'audit et d'expertises complets. «Les Russes ont commencé à travailler très dur dès le début. Je suis très content», s'est félicité pour sa part, le président de la Fifa, Sepp Blatter. Exceptionnellement, Vladimir Poutine, dont le mandat présidentiel expirera quelques mois avant le début de la compétition, a annoncé la suppression des visas pour l'ensemble des visiteurs étrangers, sportifs et supporters. Ce régime d'exemption s'appliquera également, ex ante, aux experts étrangers affectés à la préparation. Enfin, l'équipe russe aura pour mission de reconquérir le coeur du public, ce qui n'est pas une mince affaire. Au Brésil, la sélection nationale a échoué à sortir des poules, sans remporter une seule victoire. Ses joueurs, des «footballeurs trop payés», selon l'opinion publique, se voient reprocher de ne «s'intéresser qu'à l'argent». Le terne sélectionneur italien Fabio Capello devrait être reconduit jusqu'en 2018, mais l'éternel ministre des Sports, Vitali Moutko, a prévenu: «Nous n'aurons pas le droit, dans quatre ans, de nous faire humilier devant nos propres supporters».