«Il a commis une infraction. Il doit assumer.» «La justice algérienne est souveraine. Et elle ne cèdera à aucune pression émanant des organisations internationales, comme elle ne se pliera jamais sous l'effet des tentatives d'ingérence.» Ce sont les propos du ministre de la Justice. M. Tayeb Belaïz a fait l'objet d'un véritable «harcèlement» de la part des journalistes à propos des cas Benchicou, Ghoul et Ali Djerri, dans une conférence de presse qu'il a animée, hier, à l'université des sciences islamiques Emir-Abdelkader de Constantine. Une conférence de presse qui a donné la nette impression que le ministre était très à l'aise en abordant la condamnation des directeurs du Matin et d'El Khabar, et du correspondant de Djelfa du quotidien arabophone Djazaïr News. «Les organisations internationales ont le droit de se solidariser avec qui elles veulent, mais il ne faut pas qu'elles oublient que l'Algérie est un pays indépendant depuis 1962 et que nos magistrats ne sont pas à vendre», a indiqué le ministre. Selon lui, le cas du directeur du Matin relève du droit commun. «Benchicou, a-t-il dit, n'est pas un supercitoyen. Il a commis une infraction. Il doit assumer.» Le ministre a tenu à souligner que le jugement de Benchicou n'a rien à voir avec la presse et la liberté d'expression. Pour M.Belaïz, «le directeur du Matin a toute latitude pour se pourvoir en cassation et exiger la révision de son procès. Et si le juge estime qu'il doit rendre un autre verdict en faveur, cette fois-ci, de l'inculpé, l'Etat ne s'opposera pas». Il a ajouté que, «contrairement à ce que prétendent certains, la justice n'est pas instrumentalisée. Toujours à propos de l'emprisonnement de Benchicou, le garde des Sceaux a affirmé, avec une apparente conviction, que ‘'la justice n'a pas été actionnée par des mains invisibles. L'affaire de ce journaliste n'a aucune relation avec la politique». Interrogé par un journaliste au sujet de la réconciliation nationale, et si cette approche pourrait être appliquée par l'Etat en direction de la corporation de la presse, le ministre a déclaré que cette politique ne concerne pas uniquement les repentis, mais qu'elle englobe l'ensemble des couches sociales qui attendent de l'Etat des efforts dans le domaine du logement, du travail et de la sécurité ainsi que la disparition de toute forme de répression. Enfin, il est à souligner que des confrères de la presse indépendante ont décidé de boycotter les réunions qu'a tenues le ministre avec les magistrats de l'Est algérien, dont le but était de débattre le dossier de la réforme de la justice.