Tayeb Belaïz a accusé les légalistes du parti de verser dans la «surenchère politicienne». Si le ministre de la Justice admet que son secteur est à parfaire, il ne cautionne pas, en revanche, les critiques faisant état des pressions politiques exercées sur les magistrats. «Je défie quiconque pouvant apporter des preuves recevables qu'un magistrat ait subi des pressions de ma part ou de la part des cadres du ministère de la Justice afin qu'il rende un verdict tendancieux», a t-il bravé, hier, en marge des travaux du comité interministériel de suivi de la réforme de la justice. Sans les citer nommément, M.Belaïz a accusé les légalistes du FLN de verser dans la «surenchère politicienne», et ce, après l'invalidation sans appel de leur 8e congrès par le Conseil d'Etat. S'agissant du cas Ras El Ain, ex-président du Syndicat national des magistrats, le ministre a nié toute responsabilité de son département quant à son limogeage. «Nous ne sommes impliqués ni de près ni de loin concernant son limogeage. C'est le syndicat des magistrats qui l'a destitué en usant de pratiques démocratiques», a-t-il révélé. Tout en lavant plus blanc son ministère, M Belaïz a catapulté ses boulets vers «ceux qui multiplient les critiques oiseuses dans l'objectif de disqualifier la justice pour des visées politiciennes». Il doute, également, que les magistrats puissent céder à un pot-de-vin ou à une pression après avoir payé un lourd tribut afin d'exercer leur métier en toute indépendance. Dans ce contexte, il rappelle, opportunément, «le sacrifice» consenti pendant les années de plomb où «46 magistrats ont préféré laisser leur vie que de rendre des procès complaisants dans le traitement des affaires terroristes». Donc, aux yeux du ministre, tout baigne dans l'huile et aucun scandale n'est venu éclabousser la sérénité du Palais d'El Biar. Or, ces mises au point arrivent trop tard car le ministère de la Justice n' a pas soufflé mot au moment où la loi en termes de délai, a été transgressé lors du traitement du dossier FLN. Le recours déposé par les légalistes du parti au lendemain de l'invalidation du 8e congrès par la chambre administrative, a traîné pendant presque deux mois dans les tiroirs du Conseil d'Etat alors que le délai requis ne devait pas dépasser un mois. Et ce, sans s'appesantir sur le verdict qui a été contesté par nombre de juristes. Comme pour les réformes, M.Belaïz est sorti de sa réserve en vue de contrecarrer toutes les voix qui crient à une justice aux ordres de son département, qui est aussi celle du chef de l'Etat et candidat à sa propre succession. Le timing ne semble pas favorable pour que les contre-attaques du ministre aient l'effet escompté.