«Ils autorisent les festivités pour le foot, mais interdisent les marches pour Ghaza.» Les actions de solidarité avec le peuple palestinien se multiplient et les annonces tombent. Cette fois, c'est le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrezak Makri, qui a annoncé le lancement prochain de la 30e caravane de solidarité à l'égard des Ghazaouis, tout en condamnant les dernières déclarations du président français suite au crash du vol AH 5017. En effet, M.Makri a fait part du lancement prochain de la 30e caravane de solidarité, pour laquelle tous les préparatifs ont été achevés. Il soulignera qu' «actuellement on n'attend que le feu vert des autorités égyptiennes pour la lancer». Il a mis l'accent sur le rôle prépondérant du MSP dans ces initiatives et actions de solidarité, en faisant également l'annonce du «lancement d'une méga-campagne jamais égalée de solidarité, afin de reconstruire la ville de Ghaza», martelant que «ce n'est guère possible de laisser nos frères vivre sous les débris et dans la rue». Pour rappel, M.Makri a déjà été arrêté en 2010, par l'armée israélienne, après l'attaque de la flottille de la paix Marmara à laquelle le président du MSP prenait part en tant que chef de délégation. M.Makri n'a pas manqué de souligner qu'«un grand montant d'argent a été récemment transféré vers Ghaza, grâce à des réseaux de résistants». M.Makri a réaffirmé:«notre attention pour la cause palestinienne est authentique et elle constitue l'un des piliers fondateurs de notre mouvement». Elle comporte selon lui, «une dimension politique relative à la sécurité de nos nations, car on ne peut vivre en paix et aspirer au développement tant que le conflit israélo-palestinien n'est pas réglé». S'en prenant ouvertement au président égyptien Al-Sissi, M.Makri a indiqué que «pour Al-Sissi la cause palestinienne est une affaire d'antagonisme». Selon lui, «la relation entre l'Algérie et Al-Sissi suggère un certain soupçon», sinon «pourquoi l'Algérie s'est-elle proposée pour faire revenir Al-Sissi sur la scène internationale?» s'est-il exclamé. Dans le même ordre d'idées, il a relevé certaines lacunes dans la position algérienne. Il s'agit de l'absence de position officielle, car dit-il «ni le chef du gouvernement, ni le président de la République ne s'est prononcé officiellement sur le sujet». Mais également le manque absolu de mouvement diplomatique. Il a dénoncé par la suite la décision d'interdiction des marches de soutien, notamment celle organisée par son parti vendredi dernier à Alger, où elle a été interdite ainsi que les policiers déployés sur le terrain, afin d'empêcher l'arrivée des manifestants, ce qu'il estime comme une attitude «atroce». Selon lui, les raisons évoquées de cette interdiction seraient d'ordre sécuritaire, ce pourquoi il s'est interrogé avec une touche d'ironie: «Comment peuvent-ils autoriser des marches et des festivités après des matchs de foot, et interdisent une marche pacifique de soutien pour la Palestine?». Evoquant tous les pays du monde qui autorisent les marches, M.Makri déplorera: «On veut faire de nous l'exception, on n'est pas dans une prison» a-t-il lancé. Sur un autre volet, celui du crash de l'avion d'Air Algérie dans le nord du Mali, où 116 personnes sont mortes, le président du MSP a tenu à répondre aux déclarations du président francais Hollande qui a demandé le rapatriement de tous les corps des passagers, en signalant «si les autres pays ont donné leur accord, nous on ne l'a pas fait». Toutefois, selon M.Makri M.Hollande n'aurait jamais fait de déclarations aussi fracassantes et dangereuses s'il «n'était pas rassuré quant à la réaction du système algérien». Il a défendu la souveraineté de l'Algérie en indiquant qu'«il n'est pas possible d'accepter la négligence quand il s agit de la souveraineté du pays». «Hollande se prend toujours pour le maître du Maghreb, et se comporte avec une logique de colon» a-t-il martelé. Il a dénoncé également l'ambiguïté et le manque flagrant de transparence dans la gestion de ce crash. Concernant la tenue de la conférence thématique de la coordination pour les libertés et la transition démocratique (Cltd) qui a été refusée par la wilaya d'Alger au motif que la salle sollicitée était réservée aux activités culturelles, M. Makri soulignera «on n accepte pas que notre liberté nous soit interdite» ajoutant «nous allons continuer notre combat et notre lutte».