Plusieurs dizaines d'inspecteurs internationaux sont arrivés pour la première fois hier sur le site du crash du Boeing malaisien pour enquêter sur sa cause, en dépit de nouveaux affrontements dans l'Est. Au moins dix soldats parachutistes ukrainiens figurent parmi les victimes de ce que l'état-major ukrainien a présenté comme une «embuscade» des séparatistes russophones à Chakhtarsk, à environ 25 kilomètres du site du crash, dans la nuit de jeudi à vendredi. «Quatre corps n'ont pas encore été identifiés et il peut s'agir aussi bien de soldats ukrainiens que de terroristes» (insurgés), a précisé Olexiï Dmytrachkivski, porte-parole de l'état major. Les forces ukrainiennes ont repris hier leur offensive contre les insurgés russophones, suspendue la veille pour favoriser l'enquête internationale sur le drame qui a conduit à l'adoption de sanctions économiques occidentales sans précédent contre la Russie, accusée d'armer la rébellion. Plus de deux semaines après le crash du vol MH17 de Malaysia Airlines, abattu par un missile alors qu'il reliait Amsterdam à Kuala Lumpur avec 298 personnes à bord le 17 juillet, les débris du Boeing et certaines dépouilles sont encore sur place. Après avoir été empêchés pendant plusieurs jours d'accéder au site par les combats, un petit groupe d'experts néerlandais et australiens a réussi à y accéder jeudi pour une mission de reconnaissance en empruntant un itinéraire de plusieurs centaines de kilomètres, au lieu de 60 kilomètres par la route directe. Un groupe de 70 experts néerlandais et australiens encadrés par des observateurs de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), «le plus important» depuis le crash, est arrivé sur place hier, annoncé l'OSCE sur Twitter. «S'ils trouvent des restes humains, ils seront immédiatement récupérés», a indiqué de son côté le ministère néerlandais de la justice, dans un communiqué confirmant l'arrivée des inspecteurs. Les boîtes noires ont déjà été remises au groupe chargé de l'enquête et envoyées au Royaume-Uni pour y être analysées. Selon Kiev, les premières constatations ont révélé une forte explosion caractéristique d'un missile à fragmentation, ce que n'ont pas confirmé à ce stade les enquêteurs. Une mission de policiers armés néerlandais et australiens, qui pourra atteindre au maximum 950 hommes, doit également commencer à se déployer hier dans la zone du crash pour la sécuriser. Lors d'une rencontre jeudi à Minsk entre des représentants ukrainiens et séparatistes sous l'égide de l'OSCE, les différentes parties «se sont engagées à assurer un accès sécurisé aux enquêteurs internationaux au site du crash jusqu'à la fin de l'enquête sur le terrain», a indiqué l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe dans un communiqué. Une nouvelle rencontre est prévue la semaine prochaine. L'ancien président ukrainien Leonid Koutchma, qui représentait Kiev lors de ces pourparlers, a affirmé avoir reçu de la part des insurgés -qui contrôlent la zone - «la promesse de remettre les effets personnels des défunts». Chaque partie prenante du conflit s'est engagée à libérer 20 prisonniers, a-t-il ajouté à l'agence Interfax Ukraine. Dans un communiqué, l'état-major ukrainien a précisé pour sa part avoir poursuivi sa progression entamée depuis début juillet qui lui a permis de repousser les séparatistes dans quelques bastions, essentiellement les villes de Donetsk et Lougansk, et dans la zone frontalière de la Russie qui les sépare. Les combats ont fait plus de 1100 morts selon l'ONU en plus de trois mois, sans compter les victimes du crash, et conduit à une confrontation croissante entre les Occidentaux et Moscou. Les dernières sanctions adoptées cette semaine par Bruxelles et Washington limitent notamment l'accès des puissantes banques d'Etat russes aux marchés financiers, au risque de fragiliser une économie déjà au bord de la récession.