Le Premier ministre au pays de l'Oncle Sam Concurrencé par Paris et Pékin, Washington veut sauvegarder sa présence politique et économique en Afrique. Pour participer au Sommet USA-Afrique prévu du 4 au 7 août à Washington, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a chargé le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de le représenter au Sommet USA-Afrique. Le Premier ministre sera accompagné d'une importante délégation composée du ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, du ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, et du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Ce dernier représentera le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui ne participe pas à cette réunion et qui sera probablement occupé avec le dossier du Proche-Orient. Au vu de la liste de la délégation algérienne, l'Algérie axera sa participation sur le plan économique et commercial. Le Sommet USA-Afrique sera en effet, précédé d'un forum économique qui regroupera plusieurs opérateurs économiques importants. Mais le sommet qui devait être économique sera dominé par les graves épidémies qui touchent l'Afrique et qui menacent la planète. A cet effet, le président américain, Barack Obama, a déclaré vendredi dernier que les délégués africains qui prendront part au premier Sommet Etats-Unis-Afrique prévu la semaine prochaine à Washington seront soumis à un dépistage du virus Ebola. Le problème d'Ebola «est quelque chose que nous prenons très au sérieux», a indiqué M. Obama, selon qui il s'agit de mesures de précaution pour d'éventuels délégués au sommet qui auraient couru un «risque marginal, infinitésimal d'exposition» au virus Ebola. M.Obama a souligné que cette épidémie est plus agressive que jamais, et que les procédures mises en oeuvre par les Etats-Unis sont «appropriées». Des médias américains ont rapporté que les dirigeants du Liberia et de la Sierra Leone, deux pays affectés par le virus Ebola, ont annulé leur voyage à Washington. Jeudi dernier, le gouvernement américain a émis un avertissement contre tout voyage non essentiel en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, précisant que cela reflète «l'aggravation» de l'épidémie d'Ebola dans la région. Selon l'Organisation mondiale de la santé, le virus a tué 729 personnes et en a affecté plus de 1300 autres cette année. Ils devraient être une cinquantaine sur la photo de famille du sommet USA-Afrique. Seuls quatre pays seront exclus de la fête et beaucoup de dirigeants fouleront le tapis rouge à Washington malgré de mauvais bilans en matière de démocratie et des droits de l'homme. Pour justifier l'invitation de presque tous les leaders africains, la semaine prochaine pour cette première dans l'histoire des Etats-Unis, Washington s'abrite derrière le paravent de l'Union africaine et du droit américain et international. Selon le credo de la Maison-Blanche, «le président Barack Obama a invité tous les chefs d'Etat ou de gouvernement africains en bons termes avec les Etats-Unis et l'Union africaine». En clair, les pays exclus de l'organisation panafricaine et sous le coup de sanctions américaines et ou internationales n'ont pas été conviés. Le Soudan, le Zimbabwe, l'Erythrée et la République centrafricaine trouveront donc les portes close au Sommet. Dresser une liste d'invités à un sommet s'apparente toujours à «un jeu d'équilibriste», reconnaît Tara Sonenhine, une ancienne cadre du département d'Etat, professeur à l'université George Washington. Car il y a eu aussi les conviés de dernière minute. L'Egypte, alliée fondamentale des Etats-Unis, avait d'abord été écartée en raison du coup d'Etat de juillet 2013 contre le président islamiste élu, Mohamed Morsi, et la terrible répression de ses partisans. Mais le 14 juillet dernier, après la réintégration du Caire au sein de l'UA, la Maison-Blanche a changé d'avis et invité le nouveau président Abdel Fattah al-Sissi. Ce dernier ne viendra toutefois pas, selon un responsable américain. Le roi du Maroc Mohammed VI sera également absent. Selon le site sud-africain IOL News et le site de la télévision iranienne Press TV, le souverain marocain serait représenté par un envoyé spécial, sans préciser s'il s'agirait du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane ou du chef de la diplomatie, Salaheddine Mezouar. Malgré ces défections, les Etats-Unis entendent maintenir leur présence en Afrique et faire face aux anciennes colonies comme la France, la Grande-Bretagne ou encore la Chine qui décroche d'importants projets en Afrique. Pour ce faire, Obama a choisi Susan Rice, une spécialiste américaine en politique étrangère et conseillère à la Sécurité nationale du président Obama depuis le 1er juillet 2013. C'est elle la grande prêtresse du sommet. Susan Rice a promis «le soutien sans complexe» de l'Amérique à «la démocratie et aux droits de l'homme» en Afrique. Les Etats-Unis ne veulent pas s'engager militairement en Afrique pour régler les conflits du continent, mais entendent renforcer leur aide aux forces internationales de maintien de la paix, a indiqué mercredi dernier une haute responsable américaine, avant un Sommet sans précédent USA/Afrique à Washington. «Les Etats-Unis ne cherchent pas à militariser l'Afrique ou à y maintenir une présence militaire», a expliqué Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale de la Maison-Blanche. «Mais nous nous engageons à aider nos partenaires à faire face à ce qui menace notre sécurité», a-t-elle dit. Mme Rice s'exprimait devant un centre de réflexion, United States Institute of Peace, qui accueillera à partir du 4 août un sommet réunissant la quasi-totalité de la cinquantaine de dirigeants africains.