Des combats se poursuivaient depuis samedi à la suite de l'arrestation d'un membre présumé de la branche syrienne d'Al Qaîda. Il s'agit des violences les plus graves à toucher cette zone du nord-est du Liban depuis le début en 2011 du conflit en Syrie. Elles ont été déclenchées à la suite de l'arrestation d'un Syrien qui selon l'armée a reconnu appartenir au Front al-Nosra, filiale d'Al Qaîda. «Les unités de l'armée ont poursuivi toute la nuit leurs opérations militaires dans la zone d'Aarsal et ses environs, pourchassant et affrontant les groupes armés», a indiqué l'armée dans un communiqué, ajoutant que des hommes armés avaient aussi tiré des obus sur la région. «Les combats ont fait 10 martyrs dans les rangs de l'armée et plusieurs blessés», a précisé le communiqué de l'armée. Selon les autorités, les combats ont commencé samedi après-midi après l'arrestation de Imad Ahmad Jomaa. Des hommes armés ont encerclé des postes de contrôle dans la région, avant d'ouvrir le feu sur les troupes et d'attaquer un poste de police à Aarsal, selon des sources des services de sécurité. Deux civils ont été tués dans l'attaque du poste de police. L'armée libanaise a promis samedi dans un communiqué d'agir de façon «résolue et ferme», affirmant qu'elle ne permettrait «à personne de transférer le conflit de la Syrie» vers le territoire libanais. Cette explosion de violence a ravivé les tensions à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, où des heurts opposent régulièrement des activistes sunnites, soutenant la rébellion syrienne, aux forces de sécurité libanaise et à des habitants alaouites, qui soutiennent le gouvernement syrien. Selon une source de sécurité, deux soldats ont été blessés dans de nouveaux affrontements à Tripoli au cours desquels des roquettes antichar de type RPG et des engins explosifs artisanaux ont été utilisés. Les violences à Aarsal ont suscité l'inquiétude au Liban mais aussi à l'étranger. Les Etats-Unis ont «fermement» condamné les attaques contre les forces de sécurité libanaises, affirmant leur «fort soutien» aux institutions de l'Etat libanais, selon un communiqué du département d'Etat, qui appelle en outre toutes les parties à respecter la neutralité du Liban face aux conflits régionaux. L'ambassadeur des Etats-Unis au Liban a rencontré hier le commandant de l'armée libanaise pour affirmer son soutien, selon un communiqué de l'ambassade. Le Premier ministre libanais Tammam Salam a condamné cette «attaque flagrante contre l'Etat libanais et les forces armées libanaises». «Le gouvernement libanais gère ces événements avec fermeté», a-t-il assuré dans un communiqué diffusé par l'agence libanaise ANI, appelant «toutes les forces politiques à agir avec sagesse et responsabilité». L'armée a déployé des forces supplémentaires dans la région, en particulier deux hélicoptères. Le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a expliqué qu'il suivait «de près» la situation à Aarsal mais qu'il n'avait pas d'informations sur de possibles répercussions des combats sur les nombreux réfugiés syriens présents dans la région. La localité d'Aarsal est majoritairement sunnite - comme la rébellion syrienne - et sa région accueille des dizaines de milliers de réfugiés ayant fui les violences en Syrie. Elle a déjà connu des périodes de fortes tensions avec les forces de sécurité libanaises, et l'aviation syrienne y mène des raids contre les forces rebelles cachées dans cette région montagneuse. La ville est voisine du Qalamoun syrien, où les rebelles ont essuyé plusieurs revers ces derniers mois face aux forces loyalistes appuyées par des combattants du Hezbollah chiite libanais. Dans cette région, au moins 50 jihadistes ont été tués depuis vendredi dans des combats avec les forces armées syriennes et le Hezbollah, a rapporté samedi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH, basé en Grande Bretagne).