C'est dans une Ghaza dévastée par l'agression israélienne qu'un cessez-le-feu est entré hier en vigueur dans l'enclave palestinienne Israël et le Hamas respectaient hier le cessez-le-feu de 72 heures convenu dans la bande de Ghaza dans l'attente de nouvelles discussions au Caire pour tenter de mettre un terme à une agression qui a fait plus de 2000 morts. Aucun tir de roquette n'a été rapporté de la bande de Ghaza depuis minuit (21h GMT dimanche) et l'entrée en vigueur de la trêve conclue dimanche au Caire entre Israéliens et Palestiniens par l'entremise des Egyptiens, a indiqué l'armée israélienne. Pour sa part, l'armée israélienne n'a procédé à aucune frappe. Une fillette d'un mois et demi touchée par un bombardement antérieur au cessez-le-feu a succombé à ses blessures. C'était hier la seule victime rapportée au 35e jour d'une agression au cours de laquelle les morts se sont comptés par dizaines quotidiennement. Dans la ville de Ghaza elle-même, les habitants épuisés espéraient non seulement que le cessez-le-feu durerait, mais qu'il serait l'occasion d'en finir enfin avec le cycle incessant des raids israéliens. Sur le marché aux légumes du camp de Shati, Bassma Abou Obeid s'attendait à ce que les gens viennent plus nombreux dans l'après-midi «parce qu'ils sont encore en train de dormir en ce moment» après avoir été tenus éveillés par le bruit persistant des bombardements jusqu'à l'entrée en vigueur de la trêve. A l'extérieur d'une école de l'ONU transformée en refuge, Hikmat Atta, 58 ans, a entassé toute sa famille dans une charrette pour aller voir si sa maison a survécu aux intenses bombardements de Beit Lahiya. Mais «nous n'y allons que pour la journée», de crainte d'un nouvel embrasement et parce que, là-bas, «il n'y a ni eau ni électricité». Après s'être entendus à distance par l'intermédiaire des Egyptiens sur un cessez-le-feu, Palestiniens et Israéliens devaient engager hier des discussions, toujours indirectes, pour essayer de conclure «un cessez-le-feu global et permanent», selon les mots des intercesseurs égyptiens. Les délégués israéliens sont arrivés au Caire hier. Ils en avaient été rappelés vendredi à l'expiration d'un précédent cessez-le-feu de 72 heures qu'Israël accusait le Hamas d'avoir rompu. On ignore sur quoi précisément repose l'acceptation du cessez-le-feu par les deux parties, comme les lignes rouges que se tracent Israël et le Hamas dans les discussions à venir. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a martelé que le rétablissement de la sécurité d'Israël primait toute autre considération. Fort du soutien ultra-majoritaire de son opinion à la guerre et avec les pressions des faucons de son gouvernement qui réclament d'en finir militairement avec le Hamas, il a fait assaut d'intransigeance. Mais il s'est dit prêt à voir l'Autorité palestinienne jouer un «rôle» à l'avenir à Ghaza. L'Autorité palestinienne, présidée par Mahmoud Abbas, est l'entité gouvernementale censée administrer la Cisjordanie et la bande de Ghaza. Mais elle a été évincée en 2007 par le Hamas à Ghaza à la suite d'une guerre de factions sanglante. M.Netanyahu accepte globalement de traiter avec l'Autorité palestinienne mais pas avec les «terroristes», selon lui, du Hamas. La difficulté pour lui consiste dans la réconciliation récente entre les rivaux palestiniens de 2007. Le Hamas, lui, est soumis à la pression de convertir la résistance opposée à l'armée israélienne durant l'agression en gains politiques au bénéfice de Ghazaouis accablés par les morts et les destructions. Le Hamas et les Palestiniens exigent la levée du blocus terrestre et maritime qu'Israël impose depuis 2006 et qui asphyxie le territoire exigu sur lequel s'entassent 1,8 million de personnes coincées entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée.