Le ministre italien de l'Intérieur Angelino Alfano a demandé vendredi à l'Union européenne de prendre en charge les opérations de sauvetage pour secourir les immigrants clandestins en mer Méditerranée, soulignant que l'Italie n'avait pas les moyens de prolonger son opération "Mare Nostrum" après octobre. L'opération "Mare Nostrum", un déploiement naval à grande échelle mis en place après deux naufrages en octobre 2013, ne pourra pas être prolongée au-delà d'octobre prochain, a prévenu le ministre, demandant à l'UE et à l'agence européenne de gestion des frontières Frontex de prendre le relais. "Nous ne pensons pas que Mare Nostrum, un projet à court terme, puisse être prolongé pour une deuxième année. Je ferai tout mon possible pour que Frontex et l'Europe prennent le relais", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Rome. Dans le cas contraire, a-t-il prévenu, "le gouvernement italien devra prendre des décisions". "La responsabilité des frontières de la Méditerranée incombe à l'Europe", a ajouté le ministre. "Les migrants ne veulent pas venir en Italie, mais en Europe. L'Europe veut-elle défendre ses frontières?", s'est-il demandé. "L'UE a alloué 80 millions d'euros à Frontex, non seulement pour les frontières méditerranéennes, mais pour toutes ses frontières. A présent la nouvelle commission doit réexaminer ses priorités, établir la défense et la protection des frontières en tant que priorité européenne et allouer le budget nécessaire", a-t-il dit. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, près de 117.000 migrants sont arrivés en Italie par bateau entre août 2013 et juillet 2014. L'opération Mare Nostrum a permis de secourir 63.000 d'entre eux. Selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), plus de 100.000 personnes sont arrivées en Italie par la mer depuis le début de l'année 2014. Le quotidien italien La Stampa a publié vendredi l'interview d'une mère de famille syrienne, Iftikar al Daye, présentée comme la 100.000e personne à être parvenue jusqu'aux côtes italiennes. "J'ai quitté Damas il y a deux ans, avec mon fils, ma belle-fille et mes petits-enfants. Pendant tout ce temps, nous avons séjourné en Egypte, que nous avons quittée à bord d'un bateau", raconte cette femme, qui dit avoir été cuisinière chez des rebelles syriens et avoir fui son pays par "peur des représailles". Jeudi, plus de 1.000 migrants ont été recueillis. Selon le ministère de l'Intérieur, un migrant est mort lors de son transfert à l'hôpital et un deuxième à bord d'un navire de la marine italienne participant à l'opération "Mare Nostrum".