Le dernier relèvement des salaires n'a pas eu les répercussions escomptées sur le monde du travail. Le patron de la centrale syndicale vient d'annoncer que la tripartite aura lieu lors de la prochaine rentrée sociale. Cette rencontre, selon Madjid Sidi-Saïd, sera consacrée à l'examen de «plusieurs dossiers sensibles», mais le point essentiel qui devrait accaparer les discussions demeure l'article 87 bis du décret de 1994 relatif au salaire national minimum garanti. Adopté en novembre 2003, lors de la dernière tripartite et entré en vigueur le 1er janvier 2004 par décret présidentiel du 2 décembre 2003, le relèvement des salaires n'a pas eu, sur le monde du travail, les répercussions escomptées. En effet, dans la réalité même s'ils n'ont rien perdu, il en demeure que les travailleurs du secteur économique n'ont pratiquement, dans leur majorité, rien gagné au point de se sentir pris pour les dindons de la farce. L'article 87-bis en question stipule que le salaire minimum garanti prévu à l'article ci-dessus comprend : le salaire de base et les indemnités et primes de toute nature, à l'exclusion des indemnités versées au titre de remboursement de frais engagés par le travailleur. En filigrane, les primes imposables sont comprises dans le calcul du Snmg par l'employeur. De ce fait, le gain pour les travailleurs est dérisoire. Il peut, dans certains secteurs, n'être que de quelques centaines de dinars à peine sur les 2000 prévus dans l'accord. Ce qui revient à dire que le pouvoir reprend d'une main ce qu'il donne de l'autre. En effet, les précédentes revalorisations, depuis celle de 1997, n'ont pas tellement profité aux travailleurs du secteur économique, notamment les entreprises ayant des difficultés financières en raison de l'amendement de l'article 87 de la loi 90-11 relative aux relations de travail qui stipule que «le Snmg applicable dans les secteurs d'activité est fixé par décret après consultation des associations syndicales des travailleurs et des employeurs les plus représentatives. Pour la détermination du salaire minimum garanti, il est tenu compte de l'évolution de la productivité moyenne nationale enregistrée, de l'indice des prix à la consommation et de la conjoncture économique générale.» Pour y remédier, la centrale syndicale compte exiger la révision de ce décret ou, à la rigueur, le relèvement du Snmg à 15.000 DA même si une étude a prouvé qu'il fallait plus de 20.000 DA à une famille de sept personnes pour subvenir à ses besoins les plus élémentaires. Le statut de la Fonction publique sera également au menu de la prochaine tripartite au même titre que le pacte économique et social. Il est relevé, dans les lois régissant les relations de travail et les différents amendements introduits, des obstacles auxquels font face les syndicalistes dans l'application des décisions de justice en raison du vide juridique relevé dans le 2e alinéa de l'article 73/04 de la loi 90/11 relative aux relations de travail. L'article en question accorde «toute latitude à l'employeur pour décider de la réintégration et de l'indemnisation du travailleur». Les secrétaires généraux des fédérations nationales et des bureaux de wilayas ont de tout temps souligné dans ce cadre «la nécessité de soumettre ce problème à la tripartite lors de sa prochaine réunion». D'ailleurs cette question est restée longtemps posée et «elle est toujours en suspens», exigeant «des solutions urgentes et davantage de fermeté dans l'application des décisions de justice».