L'ambassadeur d'Allemagne en Turquie, Eberhard Pohl, a été convoqué hier au ministère turc des Affaires étrangères qui lui a exprimé la «préoccupation» de Ankara après les allégations d'espionnage de la Turquie par les Allemands, a annoncé un diplomate turc. «L'ambassadeur a été convoqué ce matin au sujet des informations parues dans la presse allemande. Nous lui avons exprimé nos préoccupations et notre malaise», a déclaré ce diplomate sous couvert de l'anonymat. «De telles pratiques ne sauraient être tolérées dans un environnement qui requiert confiance et respect mutuels entre des amis et des alliés», tous deux membres de l'Otan, a renchéri le ministère dans un communiqué publié après cet entretien. De son côté, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a jugé que si ces allégations d'espionnage étaient avérées, elles seraient «inacceptables, inexcusables et exigeraient une explication». «C'est une responsabilité morale imposée par nos relations en tant qu'alliés», a ajouté devant la presse M.Davutoglu, qui a précisé qu'il s'en entretiendrait hier en soirée avec son homologue allemand Frank-Walter-Steinmeier. A Berlin, le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Schäfer, s'est efforcé de désamorcer la tension entre les deux capitales. «Ce n'était absolument pas une convocation mais une invitation à une discussion», a déclaré M.Schäfer lors de son point de presse régulier. «Cette discussion s'est déroulée dans une atmosphère amicale (...) il s'agissait d'expliquer aux autorités turques ce qui est sorti dans les médias allemands», a-t-il ajouté. Dans son édition de dimanche, le magazine allemand Der Spiegel a rapporté que les services secrets allemands avaient espionné au moins une conversation téléphonique du secrétaire d'Etat américain John Kerry et surveillaient depuis des années la Turquie. L'hebdomadaire affirme que le gouvernement allemand a mandaté les services secrets depuis 2009 pour espionner Ankara, son partenaire au sein de l'Otan. Selon ses journalistes, les cibles d'espionnage sont actualisées tous les quatre ans par le gouvernement allemand. Mais les priorités actuelles n'ont pas été modifiées après l'affaire d'espionnage avec les Etats-Unis, et la Turquie serait toujours sur écoute. L'espionnage international est devenu un sujet polémique en Allemagne ces derniers mois. Les révélations l'an dernier d'espionnage du téléphone portable de la chancelière Angela Merkel par le renseignement américain avaient profondément choqué le pays.