L'affichage des listes des bénéficiaires de logements sociaux, prévu le 30 juin est, une nouvelle fois, reporté. Les 26 communes de la wilaya d'Oran, échaudées par les troubles qui ont éclaté ces derniers jours à Boutlelis, ont préféré faire encore appel à la patience des citoyens, une façon de différer d'éventuelles contestations que pourraient manipuler des mains à l'affût de la moindre étincelle. A la décharge des assemblées élues, l'offre est jugée dérisoire par rapport à la demande. Les différents programmes rentrant dans le cadre du logement social, du LSP ou encore de celui de la résorption de l'habitat précaire (RHP) sont prêts depuis plus d'une année. Mais qui peut prendre la responsabilité de distribuer des logements quand, malgré le travail de nettoyage réalisé par les commissions d'enquête, des listes sont truffées de noms n'y ouvrant pas droit. Un élu de l'APC d'Oran estimera quant à lui que la commission de recours installée par l'APW a réalisé un travail remarquable mais que sa mission aura toujours une portée limitée si les citoyens ne font pas preuve de sagesse et de collaboration pour démasquer les intrus et ne retenir que les plus méritants. «Après un premier travail, la commission a procédé à une première évaluation des listes grâce à un travail d'investigation réalisé sur le terrain et basé sur une véritable enquête sociale sur le postulant. Mais, que voulez-vous, il existera toujours ceux qui parviendront grâce aux fausses déclarations, à passer entre les mailles du filet. C'est là où doit intervenir en principe le citoyen pour démasquer ces faussaires» dira notre interlocuteur. Il y a quelques jours, le pire a été évité à Boutlelis, une localité située à l'ouest du chef-lieu de wilaya. Des rumeurs faisant état d'un imminent affichage des listes de bénéficiaires de logements sociaux a provoqué un début d'émeute. Des forces occultes ont voulu manipuler la colère des citoyens pour forcer la main aux élus et les obliger à introduire dans la liste des noms leurs proches. Des citoyens qui avaient participé à ces troubles heureusement vite circonscrits, ont désigné du doigt les militants d'une association qui voulaient, grâce aux menaces, revenir au système de quota utilisé au temps du parti unique. Le maire et ses proches collaborateurs ont été interdits d'accès à la mairie et il aura fallu l'intervention de personnes sages pour que les choses reprennent leur cours normal. A Misserghin, la liste des bénéficiaires de 72 logements sera, elle aussi affichée incessamment. Ce quota, prêt depuis plus d'une année, attend d'être distribué aux heureux bénéficiaires. Des sources de l'APC ont affirmé que plus de 200 recours ont été introduits après le premier affichage de cette liste. Après un travail de la commission, dix noms ont été retirés de la liste, «mais rien n'indique qu'il n'y aura pas de mécontents qui seraient tentés de provoquer l'irréparable après la confection de la liste finale», dira un élu. Dans la commune de Sidi Benyebka, les bénéficiaires d'un quota de 50 logements seront connus au plus tard le 10 juillet. Les élus, qui devaient en principe procéder à cette opération le 30 juin, ont préféré soumettre la liste à un autre travail de «nettoyage» pour éviter qu'elle ne devienne la cause d'une colère citoyenne aux conséquences imprévisibles. «Les citoyens non bénéficiaires de ce programme pourraient se sentir lésés, mais cela ne justifie pas le recours à la violence que des forces maléfiques veulent attiser à la moindre occasion», dira un élu de cette commune. En attendant les prochains jours, les citoyens continuent d'espérer au moment où les assemblées locales, malgré les fermes instructions des pouvoirs publics retiennent leur souffle en priant que cette opération ne soit pas le déclic à des troubles comme ce fut le cas aux quatre coins du pays.