«La présence de la police ne dérange que ceux qui sont là pour des objectifs inavoués» La police nous a permis de mieux saisir sa mission et plus particulièrement celle incluse dans le Plan bleu avec l'introduction depuis le début du mois d'août de l'élément féminin sur les plages. La côte Est de la wilaya de Béjaïa est jalonnée de cités capricieuses. Tichy, Aokas et Melbou ne sont pas celles qu ́on connaît hors saison estivale. Durant l'été, elles prennent un autre visage que l ́on découvre dès le début de la saison estivale. Elles qui se font un malin plaisir de changer d ́humeur, passant de la sagesse hivernale à une frivolité estivale. Et dans les deux cas, des femmes et des hommes, anonymes, se font le devoir de gérer ces mouvements. Une virée en leur compagnie nous a permis de le constater. La police nous a mieux fait saisir sa mission et plus particulièrement celle incluse dans le Plan bleu, réactivé depuis l'arrivée du général-major Hamel à la tête de la Sûreté nationale avec l'introduction, depuis le début du mois d'août, de l'élément féminin sur les plages. Elles s'appellent Khoukha, Rabiha, Naïma; Dib, Nassim, pour les hommes, tous et toutes en tenue officielle. Ils veillent sur la sécurité et la quiétude des estivants. En ville ou sur les plages, ils sont à pied d'oeuvre dans une démarche préventive et ça marche. Il est 14h 30, la commissaire chargée de la communication, Mme Khoukha Boumaâza, nous recevait au siège de la sûreté de la wilaya. Toutes les explications ont été apportées sur ce corps de sécurité tout en préparant le départ vers les stations balnéaires. «Nous allons découvrir l'élément féminin dans l'exercice de sa mission sur les plages», nous dit-elle tout en intimant l'ordre au chauffeur de démarrer. Escorté par deux voitures, le fourgon qui nous transportait file droit à Melbou. Sur la route de Tichy Sans grande difficulté, nous atteignâmes rapidement la station balnéaire de Tichy. La voiture d'escorte tente tant bien que mal de nous frayer la voie. Gyrophares allumés, l'alarme actionnée, la densité de la circulation dans cette ville rend la traversée difficile. Et c'est là que surgit un motard qui nous ouvre la voie en sens inverse. «Dans des situations d'urgence, nos éléments se mobilisent spontanément et généralement ça se passe bien», commente la chargée de communication de la sûreté de wilaya. «On va sillonner la RN 09 jusqu'à Melbou pour vous permettre de constater de vous-mêmes, les réelles capacités de notre dispositif sécuritaire sur les routes, même s'il n'est pas l'objectif de notre mission». Le dispositif dont parle l ́officier, c ́est tout d ́abord, ces dizaines de policiers qui investissent les quatre coins de la cité, et dont la mission consiste à sécuriser les villes, qui est, au demeurant, quadrillée par des points de contrôle permanents dressés aux entrées. A l ́intérieur de l ́agglomération, des unités mobiles se chargent de réguler la trafic routier tout en ayant un oeil sur le mouvement des uns et des autres. Des missions qui ne prennent jamais fin tant ces stations balnéaires ne dorment jamais. L ́éclairage public qui fait défaut, «rend la tâche plus difficile», avoue un policier. En 30 mn, nous arrivons à Melbou. Soit près de 40 km de Béjaïa. Ce trajet est habituellement fait en plus d'une heure. On se rend directement sur les plages. Avec les policiers des plages, nous prîmes connaissance de leur mission, celle de veiller à la quiétude des familles. Le chef de la sûreté de daïra de Melbou, Abdelhafid Aïssaoui, vient à notre rencontre. Au poste de police situé en face de la plage, il nous divulgue le rôle de la police des plages et les raisons de l'introduction de l'élément féminin. «Les contacts sont facilités avec les familles lorsqu'il y a la présence de femmes dans nos effectifs», dit-il, citant directement le cas d'une femme retirée de la mer par les pompiers. «Il a fallu l'intervention d'une de nos policières pour que la femme puisse ôter son voile et respirer convenablement», souligne-t-il «Les contacts se passent de manière plus souple lorsqu'une femme policière est présente», commente Mme Boumaâza. C'est ce que confirmeront allègrement les familles en vacances sur cette plage, surveillée par deux postes de police et 52 éléments dont plus d'une dizaine de femmes et une brigade (Bmpg), qui font des rondes tout autour. De tous les commentaires entendus, le même refrain revient comme un leitmotiv. «Je suis particulièrement rassurée cette année avec la présence de la police sur cette plage. Depuis que nous sommes arrivés, je les ai vus à l'oeuvre et c'est franchement admirable», raconte cette habitante de Sétif, une habituée des lieux. «Depuis le début de la saison nous avons retrouvé plus d'une dizaine d'enfants égarés», indique Naïma Messaouden une policière en exercice sur cette plage. «Nous intervenons sans même être sollicitées et cela dès que nous remarquons une anomalie tels les désagréments causés à des familles: des jeunes qui importunent la gent féminine, la présence d'individus en état d'ivresse, les vols et autres agressions», renchérit sa collègue. Les trois policières sont reconnaissables à leur tenue. Un tee-shirt, un short et une casquette de couleur blanc et bleu. De forte corpulence, elles sont capables de rivaliser avec n'importe quel homme. Mais ce n'est pas pour autant qu'elles ne soient pas accompagnées d'homme. «C'est une première expérience qui nous impose la prudence», explique la chargée de communication de la sûreté de wilaya. La police se fait un malin plaisir de donner certaines leçons de civisme que les jeunes admettent sans broncher. Plus loin, une famille se prélassant sur la plage, souriait aux policiers. Elle est venue d'Alger. Un couple avec ses deux enfants affirme être rassuré par la présence des policières. Djaâffar, le père de famille note avec satisfaction la présence de la police sur les plages. «Je me permets même de me déplacer loin, sachant que ma famille est en sécurité. Chose que je ne faisais jamais», raconte-t-il. Son épouse s'élance alors dans des qualificatifs envers les policières qui témoignent de toute la justesse de la mesure prise pour les introduire sur les plages. «Je trouve qu'elles ajoutent beaucoup à la beauté des lieux», dit-elle en conclusion. Le Dr Saci de Béjaïa a choisi de revenir sur cette plage en raison de la présence policière. «Depuis que j'ai appris que des policiers sillonnent nos plages, j'ai renoué avec la mer», indique-t-il. Le chef de sûreté de la daïra de Souk El Tenine estime que «les citoyens doivent apprendre à solliciter la police lorsqu'il le faut». Ce conseil, il le rappellera en véritable pédagogue tout au long de notre virée aux nombreuses familles que nous avons rencontrées. Akram n'a que douze ans. Elle rêve déjà de devenir policière. «J'aime bien ce qu'elles font», dit-elle comme pour justifier son métier d'avenir. «Tahya chourta dyalna», lance ce jeune venu de Sétif. Ahmed de Béchar dit «être agréablement surpris par la présence de la police» et témoigne d'une interpellation de deux jeunes en état d'ivresse sans que personne n'ait alerté la police. «Les deux policiers ont gentiment raccompagné les deux ivrognes», déclare-t-il, illustrant toute la vigilance des corps de police. «Vous n ́êtes décidément pas quelqu ́un de chanceux! Vous aurez bien aimé assister à l ́une de nos interventions», nous dit une policière.«Mais Melbou vit la tranquillité.» Sur les plages, de nombreuses familles se prélassent et saluent les policières. «La présence de la police ne dérange que ceux qui sont là pour des objectifs inavoués. C ́est rassurant!» affirme une dame habituée des lieux. La quiétude partout Le même constat a été relevé à Aokas. Chez M.lazziz Chafai, le chef de sûreté de daïra, nouvellement installé, le calme ici règne en maître incontesté. L'état des lieux présenté atteste d'une activité préventive payante. «Nos éléments sont constamment sur le terrain pour éviter des dérapages aussi bien la journée que la nuit», indique-t-il. A Tichy, le commissaire Youcef Khoudja, lui aussi en poste depuis 15 jours, parle d'une activité intense imposée par le flux d'estivants. Il fait part d'une régulière coordination avec les autorités locales pour assurer des séjours sécurisés aux estivants. Cela fait un peu plus de trois heures qu ́on est en compagnie de la police dans les trois stations balnéaires. Des villes qui semblent préférer se départir, l ́espace d ́une demi-journée, de toute agitation. Elles demeurent incroyablement calmes. Nous, bien que déçus par cette détente, nous jugeons toutefois que cet état de fait est plus que positif. Des hommes les accompagnent discrètement dans leur évolution. Des policiers, comme ceux et celles qui nous ont accompagnés, ont combattu, combattent et combattront encore et toujours la délinquance, les atteintes aux moeurs, etc et veilleront à la sécurité et à la quiétude des habitants et des visiteurs. Nous quittons nos accompagnateurs d ́une virée assez instructive, même si il n ́y a pas eu de moments forts. Tant mieux, avons-nous conclu avant de prendre congé des hommesen bleu.